Londres était une ville célèbre. Trafalgare square, Buckingham palace, Harrod's, les industries Phantomhive... Autant de noms connus de tous qui se rattachaient à la capitale anglaise.
C'était probablement la renommée de cette antique cité qui avait attirée Lau. L' homme avait toujours eu un sens inné des affaires ; il menait son trafic d'opium avec efficacité et discrétion, étendant lentement son influence. C'était en tout cas l'avis de Ranmao - et, après tout, elle était plutôt bien placée pour juger de ce genre de choses.
De temps en temps, la jeune femme méditait sur la position de son frère dans la mafia chinoise. Elle savait qu'il grimpait les échelons, mais ne s'était jamais intéressée de près à cet aspect du travail de Lau. En revanche, elle connaissait tout du commerce qu'il menait ; de la tête des clients à celle des fournisseurs, en passant par pas mal de noms et de chiffres, la chinoise en savait à peu près autant que patron lui-même.
Ce soir-là, comme cela arrivait de temps en temps, la jeune femme s'était retrouvée seule à tenir la fumerie d'opium de son frère. Elle ne savait pas où allait Lau quand il s'absentait ainsi, et au fond elle ne tenait pas tant que ça à le savoir. Le jeune homme était intelligent, et il ne prenait pas de risques ; s'il partait sans elle, c'était qu'il n'avait pas besoin de sa protection. Elle ne se faisait donc pas de souci - ou presque.
La nuit était tombée depuis de longues heures, et il devait être autour d'une heure du matin, à présent. Les boulevards principaux, biens qu'illuminés, n'étaient plus traversés que par de rares passants pressés.
Dans les bas-fonds de la ville, en revanche, c'était une toute autre histoire. Les cabarets tournaient à plein régime, et un mélange étonnant de prostitués, de dealers et de jeunes gens "tout à fait respectables" s'agitait dans de petites ruelles sombres qu'on aurait imaginées désertes. Ce monde nocturne, méconnu d'une majorité de la population, n'avait pas de secrets pour les deux chinois ; après tout, songea-t-elle, ils en faisaient partie intégrante, les heures de pointe de la fumerie de l'homme étant de onze heures du soir à trois heures du matin.
Soudain, un groupe bruyant passa devant elle, la sortant de ses pensées.
La jeune femme se tenait dans le hall de l'établissement, ouvert sur la rue ; habituellement elle préférait rester à l'intérieur, mais il faisait plutôt doux ce soir-là. Elle était assise sur un large coussin oriental posé à même le sol, une tasse de thé entre les mains.
Si elle avait été du genre expansif, elle aurait soupiré ; à la place, la chinoise se cambra un peu plus. Son rôle, lorsqu'elle tenait la boutique, consistait à aguicher le client, le faire payer, et éviter les ennuis. Assurer la bonne marche du commerce, en somme. Il arrivait que quelques soûlards, enhardis par un verre de trop, tentent de pénétrer dans l'établissement sans allonger la monnaie - car, évidemment, l'on payait d'avance - et elle se faisait un devoir de leur remettre les idées en place.
Décidément, Ranmao s'ennuyait quand elle était seule. Si elle avait été du genre à soupirer...
(HRP : Désolée, Lau, je présume un peu de tes actes u.u J'aurais eu du mal à faire autrement)