1 Le départ
Vous vous rappelez, cette nuit noire, si importante pour nos quatre clans? Cette fameuse nuit, ou tout c'est joué. Le Clan du Lion a affronté le Clan du Sang. Étoile de Feu a affronté Fléau. La justice contre la mort. Les quatre clans se sont battus de toutes leurs forces, mais il n'y avait qu'un seul moyen de mettre fin à la bataille. Il fallait la mort de l'un des deux chefs. Ils se sont affrontés. Le sang coula. Des chats sont morts pour protéger leurs territoires. Des vies perdues en vain. Seule la victoire des chefs pouvait changer le cours des choses. Et ce qui devait arriver arriva. Certains chats arrêtèrent de se battre, horrifiés par ce qui se déroulait sous leurs yeux. Beaucoup moururent, tués car ils avaient perdu tout espoir. Mais tous savaient la même chose. Ils ne pouvaient plus rien faire pour inverser le cours des choses. Les jeux étaient faits. C'était la fin. Les félins qui n'étaient pas morts couraient en hurlant tous la même chose. Les mêmes mots, si simples, mais si horribles. C'était la vérité, la dure vérité. Peu à peu, tous furent contraints de fuirent leurs terres, chassés, en criant toujours la même chose.
-''Étoile de Feu est mort!''A chaque fois que cette phrase était criée, c'était comme un coup de couteau dans le cœur des félins. C'était leur chef, celui qui les avait guidé. Pour certains, c'était même un grand ami, sur qui ils avaient toujours pu compter. Mais par-dessus tout, c'était celui qui les avait tous sauvé, à un moment ou à un autre. Il avaient tous eu besoin de lui. Mais cette fois, il avait échoué. Il n'avait pas pu sauver les quatre clans. Il s'était battu de son mieux, il y avait donné ses neuf vies, mais ça n'avait pas suffit. Fléau l'avait quand même tué. Il était mort pour les siens, mais c'était une mort inutile. C'était le cœur en miette que les félins fuyaient. Ils voulaient sauver le peu de ce qu'il restait de leurs clans. Ils ne pouvaient rien faire d'autre. Une fois qu'ils auraient tout quitté, il n'y aurait plus qu'une seule solution. L'exil. Ils devaient partir. A la recherche d'un autre endroit. Il fallait qu'ils trouvent de nouvelles terres. Et si ils n'y arrivaient pas, ils mourraient. Ils n'étaient pas fait pour vivre nomades. Les clans avait toujours eu quatre territoires, et il devait en être ainsi. Les survivants coururent donc. Il marchèrent plusieurs lunes. Certains moururent, d'autres virent le jours. Mais après plusieurs lunes, ils réussirent. Ils trouvèrent de nouvelles terres, et ils vécurent heureux, pour longtemps. Mais pas pour toujours.
2 Shoah la désolée
En haut d'une corniche, elle se tenait droite, fière. Une belle chatte blanche. Elle avait un long pelage doux et soyeux. Un pelage blanc clair, comme si elle était une étoile, toute petite, virevoltant dans le ciel. Elle était très massive. Ou plutôt, elle était très grande. Elle faisait partie de ces chats endurcis par la vie. Elle était très belle. Beaucoup de félins auraient pu avoir le coup de foudre en la voyant. Mais il suffisait de la regarder une seconde, une toute petite seconde dans les yeux, pour comprendre que le cœur de la chatte était inaccessible. Ces yeux était le reflet de la désolation. Ils pouvaient vous couper le souffle. Quand on la regardait dans les yeux, on avait l'impression de mourir à petit feu. C'était horrible et fascinant à la fois. Mais ce qui devait vous choquer chez cette chatte, vous ne le remarquiez même pas. Il suffisait pourtant d'un tout petit peu d'attention. Et là, on pouvait voir une chose frappante. Elle avait les yeux rouge-sang. C'était impossible, des yeux rouges, chez un chat, ou chez tous les autres animaux. Impossible, sauf dans un cas. Et elle faisait partie de ce cas. En effet, cette chatte était albinos. Elle était blanche aux yeux rouges Et cela ne l'avait jamais dérangée, au contraire. Elle charmait les mâles avec sa fourrure, et brisait leurs âmes d'un seul regard. Et son nom, un simple mot, lui allait bien. Shoah. Plus connue sous le nom de Shoah la désolée. Celle dont la folie n'avait pas de limite. C'est ainsi que l'on la nommait dans son clan. Et bientôt, dans la forêt. Elle se retourna d'un coup. Un chat venait de se rapprocher. Il avait l'air de bonne humeur. Elle lui adressa un sourire envoutant, et elle prit la parole.
-''Alors, jeune félin, le clan est-il prêt? Quand le sang pourra-il couler?''Le chat eut un sourire en coin. Tout le clan connaissait Shoah pour être la chatte la plus folle et la plus sanguinaire que le monde ai jamais vu. Elle aimait le sang. Elle aimait la douleur. Et plus que tout, elle aimait la mort. Elle adorait voir le regard horrifié de ses victimes, et elle jubilait quand le voile de la mort passait devant leurs yeux. Elle était folle. Le chat lui répondit, d'une voix neutre, mais avec un air amusé.
-''Il faudra attendre encore quelques lunes, pour que tout les guerriers soient là, et qu'il y ai assez de chats, mais te connaissant, tu vas déjà revenir avec un cadavre sur les pattes dans la journée.''La chatte laissa échapper un rire. Très faible, mais le chat l'avait bien entendu. Elle était amusée. Elle savait que le chat avait raison. Pour elle, le sang, les cris, la souffrance, étaient comme une drogue. Il lui en fallait absolument. Elle en voulait toujours plus. Elle avait gouté à la folie, et elle ne pouvait plus s'en passer. Elle adorait tuer. Elle vivait pour la mort. C'était son seul but. Elle voulait anéantir tous les chats des différents clans Tous, sans exception. Elle ne voulait pas les faire partir, elle ne voulait pas leurs territoires, elle voulait leurs morts. Et elle ferait tout pour l'avoir. Elle aurait leur sang. Elle sentait déjà le goût métallique du liquide dans sa gueule. Elle dit, d'une voix sinistre et folle à la fois.
-''Tu me connais bien. Et je ne m'arrêterai pas là. Les quatre clans de chats sauvages connaitront bientôt le nom de Shoah la désolée. Mais ce sera trop tard pour eux. Leur heure a déjà sonnée.''D'un coup, elle renversa sa tête en arrière, et elle rit. Un rire sinistre. Un rire qui n'exprimait qu'une chose. La folie. Elle rit comme une folle. Elle rit à gorge déployée. Certains des félins de son clan se retournèrent vers elle. Ils sourirent. Ils reconnaissaient bien là leur chef sanguinaire. Les autres, habitués, ne prirent pas la peine de la regarder. D'autres encore rirent avec elle, même si leurs rires sonnaient faux. Ils étaient ternes, amusés, mais pas sinistres comme celui de Shoah. Parce qu'elle était unique. Elle était la seule chatte albinos du clan, et même de la forêt, mais elle était aussi la seule qui soit aussi folle tout en ayant l'entière possession de ses moyens. L'autre chat la regarda, l'air amusé, puis dit:
-'' Qui aurait cru que la petite Shoah; qui avait tant peur du sang et de la mort, puisse devenir aussi folle et pire encore, qu'elle dirige le clan. Pas moi, en tous cas.''La chatte arrêta de rire, et regarda le félin en souriant. Elle savait déjà ce qu'elle allait dire. Elle allait dire ce qu'elle pensait. Elle pensait toujours la même chose. Elle ouvrit la bouche, laissant apparaître une large rangée de dents blanches et aiguisées, et dit, de sa voix remplie de folie.
-''Qui aurait cru que les quatre clans perdraient un jour leurs territoires pour finir exilés toute leur existence? Personne. Même Fléau n'aurait pu penser que je puisse un jour les exterminer. Et pourtant, ils sont là, à ma merci. Bientôt, cette forêt sera couverte de cadavres.'' Elle arrêta de parler un instant, et fixa le soleil qui se levait. Il était beau à regarder. Mais Shoah, elle, elle imagina un lever de soleil ensanglanté, qui illuminait les cadavres de ses victimes. Elle était vraiment folle. Elle se retourna vers le chat. Sans hésiter, elle dit, de sa voix de charmeuse.
-''Tu sais, la vraie force, la pure, celle qui permet de vaincre, on ne la trouve pas dans la haine. Elle est encore moins dans la souffrance. Loin de là. Les plus idiots croient qu'ils la trouveront dans l'amour et la joie. Ils sont déjà morts. La force est bien loin de tout ça. On la trouve dans la pure folie. Parce que seuls les fous on fait avancer le monde. Ils sont les seuls qui restent intouchables. Et je suis folle.''Elle se retourna. La conversation était terminée. Le chat l'avait comprit, il partit, l'air satisfait. Elle savait pourquoi. Il croyait qu'avec cette petite conversation, il avait gagné sa confiance. Il pensait qu'il pouvait se rapprocher d'elle. Il voulait la séduire. Mais il n'y arriverait pas. Shoah était intouchable, autant par le cœur que par l'esprit ou le corps. Parce qu'elle était la chatte la plus folle qui existait. Elle s'avança. Elle se tenait à présent tout au bout de la corniche. Mais elle n'avait pas peur. Elle se sentait invincible. Le vide en dessous d'elle ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle fixa la forêt, et là, elle murmura, de sa voix douce, charmeuse, et folle à la fois.
-''Tenez-vous prêts, félins de la forêt, car l'extermination a commencé.''Contexte écrit par Etoile d'Encens et corrigé par Voile de Poussière.
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