Un jour pluvieux [Rp Andrew]

« Ils auront sûrement quelque chose » qu’elle disait. « Mais oui, va les voir » qu’il avait conseillé. C’est cela oui ! Résultat, le voilà trempé jusqu’aux os à cause de cette sale pluie et en plus de ça il était coincé avec une bande de pouilleux empestant l’alcool. Rah ! Dès qu’il reverrait Toty ou Trust, il leur collerait une balle entre les yeux tiens ! Ça ne leur fera pas mal, mais lui ça l’apaisera. Respirant profondément il consulta une nouvelle fois la pendule de la pièce. Voilà dix minutes qu’il était là et il avait déjà envie de tuer tout le monde. Quelle horrible journée, il aurait mieux fait de rester couché. La file n’ayant pas avancé depuis un bon moment maintenant, Andrew se décala pour voir ce qui se passait. Un sexagénaire tout rabougri semblait tenir tête à la jeune femme du guichet. Manquait plus que ça. Grelottant dans sa veste trempée, le grand brun s’adossa au mur et fouillant dans ses poches humides, il en sortit une cigarette et une allumette qu’il craqua avec espoir. La flamme ne prit pas, le bois était trop humide. Il en essaya une autre, le résultat fut identique, une troisième, la flamme embrasa enfin le bout de l’allumette, il la porta devant sa bouche et aspira à plein poumon le tabac qu’il avait coincé entre ses lèvres. Que ça faisait du bien… C’était même… Apaisant. Fermant les yeux, il s’accorda le temps de finir sa cigarette, ensuite il irait taper du poing.

Perdu dans ses pensées, il fut tiré de ses songes par le tintement de la clochette, annonçant l’arrivé d’un nouveau poireau entre les quatre murs de la bâtisse. Il y jeta un rapide coup d’œil. Une jeune fille venait d’entrée, elle aussi semblait s’être fait surprendre par la pluie. Ne s’attardant pas plus sur elle, il écrasa sa cigarette dont il venait de savourer les derniers centimètres. Se sentant observé il tourna à nouveau la tête. La demoiselle le fixait. Fronçant les sourcils, il passa outre ce détail et fit ce qu’il avait prévu. Dépassant tout le peloton qui le séparait du guichet, il posa violement sa main sur le bois de celui-ci et jeta un regard noir au vieil homme. L’hôtesse hoqueta de frayeur et se cacha derrière ses papiers, tandis que le trouble fait fixait Andrew, pas impressionné le moins du monde. Levant sa canne vermoulue en signe de menace, il lança d’une voix forte :

« Oh tu m’fais pas peur p’tit gars, c’pas parce que t’es grand que j’peux pas te flanquer une raclée ! J’ai fait la guerre moi ! »

Andrew leva les yeux au ciel, l’air franchement désespéré. Qu’est-ce qu’ils avaient tous à se sentir invulnérable à partir du moment où ils avaient combattu un quelconque ennemi ? Attrapant le poignet de l’ancien, le grand brun fit un geste rapide pour le forcer à lâcher prise, récupérant le bout de bois décrépi, le jeune homme se pencha vers son interlocuteur un sourire cynique aux lèvres.

« Et soyez rassuré, vous n’êtes pas le seul papi. Maintenant vous êtes gentil, vous arrêtez d’embêter la donzelle qu’on puisse ne pas moisir ici. »

Vociférant à l’injustice et à l’impolitesse de la jeunesse, le vieillard enfourna sa tête dans son chapeau, récupéra sa canne et s’en alla en hurlant que la boutique aurait de ses nouvelles. Dans un soupire, Andrew se tourna vers la guichetière et lui demanda, presque gentiment, si elle avait quelque chose pour lui. Celle-ci bégaya une affirmation et lui donna plusieurs petites annonces qu’il enfourna dans ses poches. Il la remercia et se tourna vers la sortie. Puis, voyant qu’on l’observait toujours, il interpella la jeune fille dernièrement entrée.

« Quoi ? T’as un soucis avec les chômeurs ? »

Nan mais c’est vrai quoi, zut à la fin. Il voulait juste trouver un boulot ! Pas la peine de le regarder comme une bête de cirque !

Andrew était tout sauf un garçon joyeux, grognon au possible, il ne supportait pas grand-chose de la vie et ce encore moins depuis qu'il avait dû quitter New York. Il détestait Londres, il haïssait les Anglais, les rues trop calmes, les officiers idiots, la solitude... Ici il était définitivement seul, il n'avait personne avec qui se serait les coudes, les Dead Rabbits c'était du passé, maintenant il n'était plus qu'un clochard parmi tant d'autre, cherchant un travail pour pouvoir se nourrir. Le fait de ne pas avoir d'argent ou de travail ne le dérangeait pas vraiment, il était habitué à devoir jeûner plusieurs jours en cas de coups durs, aussi il n'en faisait pas tout un drame. Mais, il n'arrivait pas à s'intégrer à la vie dans la capitale. Il n'y avait pas assez de cri et de coup de feu sans doute, ses nuits n'étaient plus bercées que par le silence absolu et les quelques ivrognes de passages dans les rues où il s'assoupissait. Agacé par tant de flegme, le pauvre garçon avait fini par perdre tous ces repères et son impatience avait fini par le dévorer tout cru lorsqu'il interrompit le vieillard dans son interminable monologue. Celui-ci s'en alla bien vite, les joues rouges de colère et ces quelques cheveux restant dressés d'indignation. Andrew respirait enfin, il demanda à la guichetière de lui donner de quoi trouver un travail et s'en retourna.

Il fut néanmoins interrompu dans son élan par une jeune fille beaucoup plus jeune que lui, qui le fixait depuis un moment déjà. Ne supportant pas d'être dévisagé comme une bête de cirque, il interpella la demoiselle, espérant qu'elle prenne ses jambes à son coup. Andrew avait toujours trouvé que les adolescentes étaient terriblement ennuyeuses et il n'avait pas envie que l'on s'accroche à lui comme une moule à son rocher. Il n'aimait personne de toute façon, alors il n'allait pas commencer aujourd'hui ! Pourtant, son air bougon et peu aimable ne refroidirent pas la jeune fille qui s'approcha de lui calmement. Elle ouvrit la bouche, mais fut interrompue par son propre estomac, détournant le regard, légèrement gênée, elle ne renonça toujours pas et se présenta. Elle s'appelait Miyuu. Drôle de nom. Et voilà qu'Andrew l'intriguait ! Bah voyons ! Certainement, il était grand, tout sec, culotté et désagréable. Peut-être le prenait-elle pour un animal ? Remarque... Vu sa tenue, cela aurait pu être possible. Levant les yeux au ciel, Andrew se retint de sortir en claquant la porte et il laissa la jeune fille terminer. Hum ? Voilà qu'elle pensait l'avoir déjà-vu ! Le grand brun faillit éclater de rire. N'avait-elle pas entendu son horrible accent ? Il était pourtant très reconnaissable et n'importe qui aurait compris qu'il n'était pas anglais. Un sourire ironique se dessina sur son visage, passant la main sur ses cheveux humides, il finit par hausser un sourcil et s'adressa à la jeune fille sur un ton légèrement moqueur :

« Ma foi, à moins que vous soyez américaine, je ne pense pas que nous nous connaissions. Je ne suis ici que depuis un moins et j'ai passé mes journées à errer dans la ville, alors... Vous m'avez peut-être croisé au détour d'une rue, assis sur le sol attendant quelques shillings de ces messieurs les passants ! »

Laissant échapper un soupir d'agacement, il posa sa main sur la poignée et s'y appuya. La porte s'ouvrit, le bruit de la pluie s'engouffra dans la petite pièce, accompagné de l'humidité qui s'y rattachait si bien. Le visage d'Andrew se fit un peu plus déprimé, encore de la pluie, toujours de la pluie... Puis, reposant son regard sur la demoiselle, il se décida d'être poli, après-tout, les Anglais étaient réputés pour leur geste de gentleman !

« J'm'appelle Andrew. Et vu le bruit que fait votre ventre, vous devriez aller manger un bon petit gâteaux tout juste sorti du four du premier magasin que vous trouverez ! Ça vous calera, c'est certain ! Pardonnez que je ne vous l'offre pas, mais je n'ai pas un penny en poche, il vous faudra donc vous débrouiller toute seule... Sur ce, en espérant que vous vous en sortirez, bonne journée ! »

Il tira la lourde porte, faisant légèrement sonner la clochette et s'enfonça sous les gouttes glaciales, essayant de s'abriter comme il le pouvait. Il n'avait pas été des plus agréables et alors ? Libre à Miyuu de le suivre pour le « disputer », si tant est qu'elle ait envie de s'acharner sur une telle tête de mule...

Andrew aimait bien la pluie. Certes c’était extrêmement pénible lorsque l’on avait aucun endroit où s’abriter, mais cela avait son charme. Un ciel grisâtre, des filets d’eaux descendant des cieux, l’humidité ambiante… Une ambiance parfaite pour une journée monotone ! Et dieu sait au combien les heures passées à Londres étaient ennuyeuses ! Au moins le temps avait le mérite de s’accorder parfaitement avec le lieu. Remontant le col encore humide de sa veste, Andrew marcha à l’abri des pentes de toits, songeant au lieu qu’il allait choisir pour passer la nuit. Un pont ? Un bâtiment délabré ? Une ruelle inoccupée ? Il finirait bien par trouver. S’arrêtant après quelques mètres de marche, il fouilla ses poches, à la recherche de quelques pennies. Il ne trouva, hélas, pas grand chose mis à par des douilles et des boutons de chemise. Soupirant longuement, il observa la ruelle. Les quelques passants qu’on y trouvait se hâtaient de traverser les rues, l’eau dégoulinant des hauts de formes de ces messieurs et glissant le long des parapluies des dames. Que ne donnerait-il pas pour avoir de quoi s’abriter ! Frissonnant une nouvelle fois, il entendit un bruit de pas derrière lui. Fronçant les sourcils, sa main agrippa la crosse de son revolver. Juste au cas où. Il continua d’avancer, préférant ne pas se retourner tout de suite, mais une voix qu’il commençait à connaître l’appela.

Il se retourna rapidement et lorsqu’il vit que la personne qui le suivait n’était autre que la dénommée Miyuu, il baissa sa garde et enfonça ses mains dans les poches de son pantalon. Qu’est-ce qu’elle lui voulait encore. La mine boudeuse, il l’écouta parler, observant vaguement une flaque d'eau croupie où des gouttelettes s'écrasaient avec une inquiétante régularité. Voilà qu’elle l’avait pris en pitié ! Non mais vraiment ! Comme s’il avait besoin de son aide. Lâchant un soupire de lassitude, il ne répondit pas tout de suite, se contentant d’observer la petite Miyuu. Il fallait avouer que la jeune fille était plutôt étrange. Des cheveux tirant sur le violet, des iris presque rouges… Une énigme à elle toute seule ! Restait à savoir si elle voulait l’aider pour jouer les bonnes samaritaines ou si elle cherchait à en faire son petit ami du jour. Ah non ! Hors de question. Andrew grinça des dents, fatigué de toutes ces réflexions, il répondit simplement :

« Écoutez. C’est très gentil à vous de vous inquiéter de mon triste sort, mais je suis un grand garçon, vous savez. Je vais me débrouiller tout seul. »

Il reprit sa route, fit quelques pas, avant de se retourner une nouvelle fois, posant son regard sur la jeune fille, il se mit à hésiter. Non pas qu’il pensait accepter son aide, loin de là ! Mais, à la vue de ses vêtements, il était certain que la miss n’était pas de la même classe sociale que lui et elle possédait certainement de quoi vivre convenablement. Et puis, elle semblait tellement prête à l’aider… Alors pourquoi diable ne pas abuser de sa gentillesse ? Il serait fort impoli de la laisser partir ainsi, alors qu’elle mettait tant d’effort à vouloir aider le pauvre chat de gouttière qu’était Andrew. Mais le jeune homme hésitait, qui sait si la jeune femme n’allait pas prendre son geste pour ce qu’il n’était pas… Et si elle finissait pas s’attacher à lui et qu’elle refusait de le laisser tranquille. Envisageant toutes les possibilités en un temps éclaire, Andrew ne parvenait pas à se décider. La faim le tiraillait d'un coté, lui priant de demander de quoi remplir son estomac, mais d'une autre manière, la solitude qu'il appréciait tant lui implorait de ne pas faire de bêtise. Restant indécis, il finit par lancer de façon détachée :

« J'apprécie le geste, mais ça va aller. Merci quand même. »

Un soupire, il enfonça ses mains plus profondément encore dans ses poches et tourna les talons. Lentement, il reprit sa route, les toits ne l'abritaient plus et c'était en fixant le sol, songeant à ce qu'il allait faire de sa soirée, qu'il s'engouffra sous la pluie glaciale. Et c'est en laissant les gouttes dégouliner sur son visage pâle et renfrogné, qu'il remonta son col humide pour se protéger du froid.

Andrew avait toujours eu du mal avec la gentillesse des autres. Il ne supportait pas l’idée que l’on s’apitoie sur son sort. C’était sa vie et elle lui convenait, il avait fait des choix, pas toujours judicieux, mais jamais au grand jamais vous ne l’entendrez regretter quoi que ce soit. Il partait du principe qu’il était le seul à maîtriser sa vie et tous les malheurs du monde auraient pu s’abattre sur lui sans qu’il se plaigne un instant. Non, les détails qui le dérangeaient étaient plutôt anodins pour quelqu’un d’aussi froid que lui. Il n’aimait pas son physique par exemple, se trouvant trop grand et trop maigre pour un garçon de son âge. Il enviait les beaux jeunes hommes à l’allure élégante et essayait souvent de se tenir aussi droit qu’eux, mais tout ce qu’il obtenait c’était un Pierrot sans gloire et attirant ridiculement la pitié. Enfin, il commençait à s’habituer depuis le temps, et puis ce n’était pas son manque de classe qui repoussait les demoiselles ! Il pouvait même se vanter d’attirer quelques jolis oiseaux dans ses griffes, bien qu’avec le sale caractère de Trust la chose commençait à devenir plus difficile.

Ayant quitté la jeune Miyuu non sans quelques hésitations, Andrew avait décidé de s’installer à l’abris pour quémander un peu d’argent. Il trouva un endroit adéquat, au croisement de deux avenues, un pant de toit descendait assez bas et abritait un petit morceau de pavés. Espérant que le vent ne tourne pas, le jeune Américain s’assit et attendit là jusqu’à la fin de la journée. Le temps n’arrangeait pas les choses puisque les rares personnes qui passaient ne perdaient pas leur temps à s’apitoyer sur le pauvre hère qu’il était, préférant de loin courir pour attraper le premier cab qui passait par là. Cependant quelques âmes se firent charitables et lorsque la nuit commença à tomber, Andrew pouvait compter une petite dizaine de piécettes entre ses doigts. Encore peu habitué à la monnaie anglaise, le jeune homme dut recompter trois fois son gain afin de s’assurer qu’il avait de quoi s’acheter de quoi grignoter. Il avait gagné quinze pence, de quoi combler un estomac affamé. Quittant sa place de fortune, il erra un moment à la recherche d’une boulangerie ou de n’importe quel commerce lui permettant de manger quelque chose. Malheureusement il faisait tard et très peu de magasins étaient encore ouverts. La chance voulut qu’il arrive face à une épicerie qu’une vieille femme était en train de clore. Se précipitant vers elle, il lui demanda calmement s’il lui était possible d’attendre encore quelques minutes. La commerçante qui lui arrivait à peine à l’épaule le toisa des pieds à la tête. Ah, il devait être beau dans son manteau trempé, ses cheveux ruisselant sur son visage. Dans un soupire la jeune femme acquiesça et le laissa entrer. Il choisit rapidement un fruit et un petit sac de gâteaux. Il paya et s’en alla après avoir une nouvelle fois remercié la grand-mère. Il marcha quelques minutes avant de s’apercevoir que la dénommée Miyuu. Que faisait-elle là, à genou sur le sol alors que la pluie tombait encore. Bien embêté, il rangea son repas du soir dans les poches de son manteau et s’approcha de la demoiselle. Elle tremblait. Levant les yeux au ciel il se décida à faire une bonne action. Se penchant vers elle, il la souleva et se dirigea vers le cabinet de médecin de plus proche.

« Je ne sais pas ce que vous vous amusiez à faire sous cette pluie mais ce n’est pas très intelligent. Enfin . Je vous dépose chez un doc’ et je vous y laisse. Il vous soignera. »

Le regard longeant les murs des habitations, le jeune américain cherchait une plaque signe de la présence d’un praticien. Après seulement quelques minutes de marches, il tomba sur un petit cabinet d’où émanait encore une faible lueur. Sans perdre de temps, il grimpa les marches du pavillon et toqua avec force. Un petit homme au crâne dégarni, d’où s’échappaient encore une couronne poivre et sel leu ouvrit. Ses lunettes en demi-lune descendues sur le bout de son nez, il contempla les nouveaux venus et leur ouvrit la porte.

« Entrez donc. Vous arrivez à temps, j’allais fermer. »

Le froid, l’humidité, la sensation d’être sale, les gens se retournent à votre passage, inquiets ou offusqué de voir pareil désastre. Voilà ce qu’étais le quotidien d’Andrew depuis de nombreuses années maintenant. Quoique, cela était plus vrai à Londres qu’à New York. Ici il inspirait le dégoût et l’incompréhension, voire la pitié lorsqu’il avait la chance de tomber sur des jeunes gens trop sensibles. Rien de très enthousiasmant finalement. En Amérique, c’était autre chose. Les années qu’il y avait passé lui permirent de prendre du grade et du sérieux, tant et si bien que sur les dernières années de sa vie, c’était la peur qu’il inspirait aux autres habitants et du respect à ses camarades. Ah qu’il était loin ce bon vieux temps où les coups de revolver hantaient jour et nuit les ruelles. Désormais le danger était ailleurs mais bien pire. Tapis dans l’ombre, invisible, insaisissable et même incompréhensible, la maladie était sur toutes les lèvres, mais pas une fois elle ne s’en échappait. Le sujet semblait tabou, comme si le simple fait de l’évoquer puisse attirer son courroux. C’était l’unique crainte des habitants, les journaux ne parlaient plus que de cela rangeant les meurtres dans la catégorie « divers ». Parfois, le jeune homme se disait qu’il aurait pu braquer une banque sans que personne ne s’occupe de sa petite personne, il aurait alors pû partir couler des jours heureux loin de tous ces idiots, mais non. Tout seul c’était infaisable, et puis, il y avait Toty et Trust. Ils devaient rester à Londres ces trois-là et voyez le résultat ! Lui, ancien membre de l’un des plus grands gangs de New York réduit à porter une gamine chez le médecin le plus proche. Pathétique, terriblement pathétique.

Lorsque le médecin leur ouvrit, le jeune homme hésita à lui laisser la demoiselle et à filer à l’anglaise. Il déposa Miyuu qui s’avança lentement. Grimaçant soudainement de douleur, elle attrapa le poigné d’Andrew et s’y accrocha un instant. Ne pouvant se défiler le jeune homme l’aida à tenir debout. La demoiselle tourna légèrement la tête et posa son regard améthyste sur le garçon avant de s’en détourner pour contempler vaguement le médecin. Elle toussa, on aurait dit que son corps allait se briser en mille morceaux, par réflexe elle avait porté sa main devant ses lèvres et c’est avec stupeur qu’Andrew vit s’y déposer du sang. Jetant un regard inquiet au petit binoclard, celui-ci lui fit signe de ne rien faire et quelques secondes plus tard la petite lady tombait inconsciente, retenue in extremis par le jeune américain. Le docteur lui indiqua alors un divan où poser la jeune fille, Andrew s’exécuta sans vraiment comprendre ce qui se passait. Il observa alors le petit praticien ausculter méticuleusement la demoiselle, acquiesçant de façon inquiétante à chaque nouvelle découverte. Remontant ses lunettes, il posa un regard désolé sur Andrew et lui annonça :

« Je suis navré Monsieur, mais votre petite amie a attrapé LA maladie. »

« Ce n’est pas ma petite am… »

Comprenant l’importance des paroles du vieillard, le garçon eut l’absurde réflexe de vérifier l’état de ses mains. Il n’avait jamais été prouvé que la maladie pouvait se transmettre par le toucher, mais d’avoir été aussi proche d’un malade inquiétait Andrew. Il n’était pas venu là pour mourir aussi bêtement, il ne voulait pas finir sa vie dans une ruelle à se tordre de douleur. Heureusement, aucune tache sombre n’avait pris place au bout de ses doigts. Pour l’instant. Laissant tomber son regard sur la pauvre alitée, le grand brun hésita un court instant. Puis, décidant qu’il en avait assez fait pour ce soir, il s’excusa auprès du médecin, lui expliqua qu’il ne connaissait pas la jeune femme mais qu’il savait qu’il en prendrait soin. Dehors l’orage grondait. Remontant son col contre son visage, Andrew salua une dernière fois le docteur et s’engouffra dans les ruelles sombres de Londres. Il la laissait entre de bonnes mains, mais désormais c’était à lui de se trouver un endroit où dormir. S’éloignant lentement, chaque pas claquant sur les pavés, l’inquiétude ne quittait pas Andrew. Tomberait-il malade à son tour ? Enfonçant ses mains glacées dans ses poches, sa silhouette finit par disparaître à dans les profondeurs de la capitale.