Je vous demande pardon [pv Seby]

Raphael, après avoir signalé sa présence en sonnant, commença à regretter de ne pas avoir averti de sa visite avant de venir au manoir. Il savait que le comte, malgré son jeune âge, était très occupé. Il n’avait certainement pas de temps à perdre avec de stupides excuses. De toute façon, était-il du genre à les accepter? Le contorsionniste attendit patiemment qu’on vienne lui ouvrir la porte. Il ne savait pas qu’en fait, Sebastian était juste derrière la porte et qu’il le faisait volontairement attendre.

Dès que la porte s’ouvrit, Raphael se raidit devant le regard froid du majordome de la maison. Rien à faire, il y avait quelque chose d’inquiétant chez cet homme sans qu’il sache exactement quoi. Se remettant du choc initial, le contorsionniste exécuta une courbette avant de se redresser. Incapable de le regarder dans les yeux, Raphael garda les yeux baissés lorsqu’il déclara d’une voix teintée d’hésitation.

— Pardonnez-moi. Je n’ai pas averti de ma visite. En fait, je ne veux pas déranger monsieur Phantomhive dans ses occupations…

Apparemment, le majordome n’était pas du tout content de Raphael soit là. Il devait totalement ruiner l’horaire d’une journée organisée à la minute près. Bon, probablement qu’il exagérait, mais le ton de Sebastian laissait imaginer cela. Raphael passa ses mains moites sur ses hanches, se disant qu’il ferait mieux d’abandonner son idée et d’écrire une lettre que le jeune homme lirait lorsqu’il en aurait le temps. Il s’inclina une fois de plus avant de déclarer.

— Désolé. Je voulais voir le comte pour m’excuser de mon comportement inadmissible la dernière fois que je suis venu ici. Je pensais que venir en personne serait mieux que d’envoyer une lettre, mais je crois que je vais en écrire une. C’est préférable. Pardonnez-moi de vous avoir dérangé.

Depuis le début, Raphael ne faisait que fixer les pieds du majordome. Ses souliers étaient parfaitement cirés. De fait, Sebastian semblait toujours être tiré à quatre épingles même s’il y conservait une petite note d’insolence avec ses cheveux. Jugeant que ça serait plus poli que de toujours fixer le sol, le contorsionniste osa l’espace d’un bref instant, regarder le domestique dans les yeux. C’est là qu’il comprit, en partie du moins, la source de son inconfort lorsqu’il se trouvait en la présence de cet homme. Sebastian est un bel homme. Neith n’aimerait probablement pas le fait que Raphael trouve un autre homme de son goût, mais apparemment, les beaux ténébreux ne le laissaient pas insensible. Bon, Raphael n’allait pas lui sauter dessus, mais tout à fait objectivement, le majordome était très beau. Malgré son statut, il dégageait une noblesse indéniable dans sa posture. Le chef de la maison était Ciel, évidemment, mais il y avait quelque chose chez Sebastian… Troublé, Raphael détourna la tête.

— Je vais vous laisser retourner à vos occupations, je crois. Passez une bonne journée et mes salutations au comte.

Il tourna les talons pour se souvenir que le fiacre qui l’avait amené jusqu’ici était reparti. En plus, le ciel commençait à se couvrir dangereusement et un grondement de tonnerre au loin indiqua qu’une tempête approchait. Le ciel avait toutes les chances de lui tomber sur la tête avant qu’il ne soit de retour au cirque.