How come ? || Kurt Archdeacon

« Devouchka, vous ne devriez pas, il se fait tard et... Et ce n'est pas convenable pour une jeune fille de votre rang de se pavaner dans les rues de la ville à une telle heure ! » Ne pas sortir. Ne pas faire ceci, ne pas faire cela. Sous prétexte d'être une fille. Il y a tant de choses qui ne lui étaient pas autorisés et qui ne lui sont toujours pas d'ailleurs, parce qu'elle est une fille, et non un garçon, non un homme. Pourtant, la jeune russe a tout de même réussi à transgresser ces nombreuses règles. Devenir conseillère du Tsar alors que seuls les hommes de sa famille y étaient destinés. Avoir une place aussi importante voir même plus importante que celle d'un de ses homologues masculins. Ici et là, quelques petites victoires. Malgré ses airs indifférents, Aphrodite était tout de même fière de ce qu'elle avait pu entreprendre jusque là. Même s'il y a un bon nombre d'évènements qu'elle aurait préféré ne jamais vivre. Et qu'elle n'aurait pas été contre un cheminement tout à fait différent de sa vie. Mais, peu importe. La miss avait un autre chemin à parcourir en ce moment, un bien plus important.

Alors qu'elle se préparait à sortir, ses domestiques essayèrent de l'en empêcher, comme à leur habitude. Mais, il était de son... Hum, devoir, dirons-nous, d'éclaircir toute cette histoire. Enfin. Aphrodite passa une cape sur ses épaules, et tira la capuche sur sa tête, cachant ainsi une petite partie de son visage. Désormais, la reconnaître ne serait plus tâche facile, et elle n'aurait pas à être dérangé dans ses affaires. Enfin, même si en réalité, cela s'avérait assez difficile de dissimuler sa longue robe et ses longs cheveux... N'importe qui pourrait sauter à la conclusion qu'il ne s'agit pas d'une simple femme du peuple. Son accoutrement témoigne bien de sa catégorie sociale. Enfin, tout chez la russe témoigne parfaitement de sa classe sociale. Que ce soit sa façon de se tenir, la tête haute et le dos droit, ou son langage, ses mots bien pesés, sa manière de regarder les autres... Bref. Telle une ombre blanche, Aphrodite se glissa le long des murs du manoir après avoir rassuré ses servantes pour la millième fois, leur promettant de rentrer saine et sauve.

Les rues de Londres étaient bondées. Pourtant, il se faisait tard. Mais, à y regarder de plus près... Il n'y avait pratiquement que des hommes. Les quelques femmes qui trainassaient là n'avaient pas l'air d'être en quête d'informations mais... Disons juste qu'elles exerçaient leur profession, une certaine profession... Des filles de joie, ou des courtisanes, dans un autre langage. Ici et là, certains regards se posaient furtivement sur Aphrodite. Elle contrastait terriblement avec tout ce qui l'entourait. Mais, il se trouve que son but n'était pas d'attirer l'attention, loin de là. Alors, soucieuse de ne pas être « percée à jour », la jeune femme pressa le pas. Mauvaise idée, cela ne fit que provoquer une collision avec un inconnu, collision qui lui valut d'ailleurs de se retrouver sur le sol, le visage découvert. Le choc avait fait tombé sa capuche. Agacée, Aphrodite se contenta de fixer l'inconnu qu'elle venait de bousculer. Enfin, qui venait de la bousculer, plutôt. Elle n'y était pour rien voyons. Du moins, c'est ce qu'elle voulait croire. « Et bien ? Qu'attendez-vous mon cher ? Le déluge ? Je crains que cela ne soit pas d'actualité. » Une manière comme une autre de l'inciter à s'excuser, peut-être ? Enfin. La jeune femme se releva ensuite. Elle épousseta sa robe et arrangea rapidement ses cheveux, avant de reporter son regard sur son interlocuteur, qui n'avait toujours pas dit un mot.