Kuroshitsuji - Black Butler RPG
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 Delilah de Néphélée. [ Fiche Complète! ]

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MessageSujet: Delilah de Néphélée. [ Fiche Complète! ]   Delilah de Néphélée. [ Fiche Complète! ] Icon_minitimeJeu 5 Aoû - 2:35

【De Néphélée Delilah 】

• Race : Humain
• Age : 20 ans.
• Sexe : Masculin
• Rang : Plus aucun malheureusement. Noble désargenté.
• Rôle/Fonction: Danseur de cabaret reconnu (suite aux évènements, il a abandonné son ancien pseudonyme et se produit maintenant sous le nom de « O Death ») et prostitué de luxe.
• Nationalité : Française
• Sexualité : Homosexuelle
• Avez vous lu le règlement : [ OK ] by Ciely
• Avatar : Armand le Vampire, par Agasang


【 PSYCHOLOGIQUE 】



Que dire de cette personnalité là… mis à part que Delilah est sans-doute un enfant de bohème aussi insaisissable que le vent. Très lunatique et rêveur, il n’a d’yeux que pour les poètes spleenétiques et romantiques, les paradis artificiels, les passions peu communes, les songes… Très réservé de part sa nature très éthérée, il peut paraître froid et distant, aspect renforcé par le peu de paroles, parfois glaçantes qui sortent de sa bouche. En d’autres termes, il préfère regarder les autres que de se mêler à eux. De par son expérience personnelle, il est plus que fasciné par les mythes religieux qu'il ne considère par comme un art de vivre mais plutôt comme des belles histoires, rien de plus. Revenir au commencement de l’Humanité est une sorte de passion chez lui qui nourrit sa réflexion et son observation de ce drôle d’animal qu’est l’Homme. Il est aussi un grand passionné des légendes arthuriennes car petit, il imaginait être le fils d'une fée comme Morgane. Il pourrait vivre dans un univers presque parallèle à la réalité, se laissant vivre comme une fleur, blasé du monde qui l’entoure et du peu d’intérêt que peuvent apporter les autres. Très perfectionniste, il est aussi pessimiste et rejette la faute sur lui à la moindre occasion car dans le fond, il manque énormément de confiance en lui, sauf quand il entre dans son personnage. Car malgré ce masque de froideur et cette carapace qu’il s’est construite, il est d’une fragilité et d’une sensibilité très forte. Une fois ces barrières passées (ou détruites), il peut se révéler adorable et presque naïf. Il est aussi très joueur et aime beaucoup lancer des paris, des défis complètement loufoques ou atypiques. Sa philosophie est simple: il veut tenter toute expérience avec son corps et vivre toujours plus fort. Malgré cet aspect assez renfermé et spécial, Delilah reste un jeune homme délicat, cultivé et intéressant. Il est aussi très séducteur, jouant de sa beauté pour amadouer ses comparses poussant le vice jusqu'à l'autorité professorale. Bien sûr joue-t-il complètement, n'accordant plus vraiment sa confiance en une quelconque forme d'autorité (sans pour autant être un réel trouble-fête) et aurait même tendance à faire tourner en rond les autres, jouant de son aspect lunatique pour un jour dire noir et l'autre blanc. Ah, il ne supporte pas les adversaires. Il a un ego assez développé (qui est une réaction assez banale chez les personnes ayant très peu confiance en elles) et adore les « duels verbaux ». Par contre, si l'on souhaite le mettre hors de lui (ce qui arrive très rarement), il faut toucher aux points réellement sensibles du jeune homme telle que la remise en cause de son intelligence, son physique et certains évènements passés et réactions qui en découleraient. Après, il est assez « je m'en foutiste », vous n'aimez pas ses tatouages? Ses cheveux? Ses piercings? Sa façon d'être? Globalement, il s'en moque tant qu'on essaye pas de le rabaisser avec ça sans connaître les raison ou les significations. Il reste avant tout très respectueux et n'ira jamais attaquer quelqu'un pour ce qu'il est physiquement et comment il a choisi d'être physiquement. Cependant, il reste tortueux et torturé, un peu mesquin, alors il est bon de se méfier quand on s'attaque à cette bête-là. Surtout si l'on trahit sa confiance.

Delilah fume régulièrement du tabac. Sinon, il est opiomane et fume aussi régulièrement du haschich. Sa boisson préférée est l'absinthe qu'il aime à préparer lui-même.

 




【 PHYSIQUE 】



Pas très grand, Delilah ne mesure qu’un petit mètre soixante-huit (une taille qui le complexe énormément, il ne supporte pas d'être en présence de « grandes personnes » surtout si celles-ci essayent de lui tenir tête ou ont un caractère fort. Il se sentira toujours plus « faible » à cause de ça.), et sa corpulence suit cette mesure avec une toute petite cinquantaine de kilos, fluctuant en fonction de son humeur. Il paraît frêle et fragile et est très mince, voire maigre sous certains aspects. Cependant, il n'a pas l'air maladif à cause de ce physique filiforme, il porte sa minceur plutôt joliment et celle-ci n'a rien à voir avec un quelconque problème extérieur, il aime juste cultiver cet aspect de finesse et de délicatesse, un peu comme celle d'une petite poupée de porcelaine.

D'ailleurs sa peau est diaphane (certaines de ses veines apparaissent par transparence et il déteste ça) car typique d'une peau de roux et marque extrêmement facilement dès qu'on le touche plus ou moins violemment. Sa couleur de cheveux est naturelle et est très souvent comparée au rouge sanguin, couleur qui pourrait le rendre assez irréel, et cette chevelure, qu’il porte généralement attachée, lui arrive presque au creux des reins supportant quelques boucles éparses. Cependant, il est du genre à ne pas supporter cette couleur mais estime qu'elle fait partie de lui pour ne pas la cacher sous des tonnes d'oxydants et autre coloration. Son visage est fin, comme sculpté par un maître grec et sait être très expressif, comme complètement vide d'émotion. Toute sa réelle beauté s'illustre dans le dessin divin de son visage. D'une belle forme ovale, on peut y lire toute une innocence palpable et une naïveté non niaise et plutôt attendrissante. Ses yeux sont deux orbes mordorés, faits de vert, de gris, de bleu. De longs cils s'occupent de la garde de ces deux joyaux froids et inquisiteurs. Son nez est fin et légèrement retroussé et en y regardant à plusieurs fois on pourrait y voir des tâches de rousseur, ainsi que quelques unes sur ses pommettes. Sa bouche est pâle et bien dessinée. L'inférieure est légèrement plus pulpeuse que sa consœur, celle-ci marquée comme la bouche d'une femme, donnant à ces lèvres un aspect séduisant et mutin. Sur ce visage, aucune émotion de transfigure en temps normal. Il est figé dans une expression indifférente, parfois méprisante. Les seules fois où cette figure naturellement éblouissante de beauté froide affiche une expression autre doivent être lorsque le calme olympien et presque léthargique du jeune homme se brise.

De ses voyages avec Sir Desreal, il est revenu avec quelques particularités augmentant le mystère et la curiosité autour de sa personne (chose ne déplaisant pas du tout à Leandre, ayant lui-même acquiescé aux petites folies de son mignon). Il a un piercing dans la nuque, un au téton et une composition symétrique au nombril. Dans un autre registre, il a tatoué dans le dos, dans un style japonais traditionnel toute une composition de fleurs d'héliotrope et de chardon, dans des couleurs rouges et orangées. Le dessin part de la nuque du jeune homme jusqu'à la naissance de ses reins et se finit en une magnifique arabesque descendant sur sa hanche et au point final dans l'aine du jeune homme.

Delilah ne jure que par le noir, même s'il aime à ponctuer ça et là ses tenues d'éclair rouge vif, se mariant très bien avec sa chevelure. Excentrique au possible, sans pour autant friser le vulgaire, il aime mélangé l'ingénu à la provocation et n'hésite pas à redoubler d'effort pour être élégant et brillant. Ne jurant que par les vestes cintrées, les shorts, le velours, les rubans, il garde un aspect enfantin plutôt aguicheur et terriblement sensuel malgré des tenues parfois sobres à en faire pleurer un moine (c'est dans cette idée que la provocation joue, beau et innocent à damner un saint!) Il se plait à toujours coiffer ses cheveux savamment, à grand renfort de plume, voilette, strass ou rubans... Coquet comme il faut sans pour autant être efféminé, il suit avec merveille le dandysme Wildien. Pour ce qui est de ses costumes de scène, il s'agit d'un autre personnage. Ils seront toujours rouges, exubérants, brillants de mille feux. Des corsets qu'il aime à serrer le plus loin possible, des rivières de pierreries, des jarretelles naïves que l'on arracherait volontiers, de grands éventails de plumes, des petits chapeaux... Quand Delilah entre dans la peau de « Lovely Candy » (son nom de scène) il devient un oiseau de paradis, dansant et s'effeuillant avec la grâce d'une nymphe.





【 HISTOIRE 】



Delilah est né dans une famille de nobles désargentés, à Paris. Une fois la Révolution passée, cette famille pourtant aisée et proche du Roi avait du se réfugier et se cacher en attendant que les évènements se calment à la capitale. Une fois la voie libre et sans danger, les De Néphélée étaient revenus et avaient eu le plaisir de retrouver leur hôtel particulier saccagé et plus aucun de leurs biens. Les générations se suivirent, les anciens marquis et marquise durent se mêler à la basse population et trouver un travail. Ainsi devint-elle couturière et lui, fossoyeur. Et s'en suivit ainsi pour la génération future et pour celle de Delilah. C'est donc dans un milieu parfois précaire et difficile que l'enfant naquit. Il ne manqua ni d'amour ni d'attention étant le seul enfant de la famille. Mais il se souviendra assez longtemps de son estomac tiraillant, l'empêchant de dormir, en pleine nuit. Il reçut cependant une éducation. Ce n'était pas parce qu'ils étaient devenus de simples ouvriers qu'un sang bleuté ne coulait pas dans leurs veines. Ainsi, Dorothea, la mère du petit roux, lui offrit le savoir et la connaissance d'un enfant de cour, avec la littérature, l'histoire, l'anglais, le latin, la catéchisme, la géographie... Elle lui apprit les bonnes manières, l'art de savoir se comporter en société. Tout cela apparaissait comme inutile au père de l'enfant, ainsi aurait-il mieux fait d'aller travailler dès que ses jeunes bras auraient eu assez de force pour porter quelque chose. Mais Dorothea s'entêtait. Elle savait que son fils n'était pas commun, rien qu'à regarder la beauté irréelle de cet enfant qu'elle avait porté, elle le sentait, comme une vérité pure et profonde dans ses entrailles.

Elle éleva son garçon comme elle avait été élevée. Elle lui apprit à danser, à chanter, à lire la musique, elle avait même travailler d'arrachepied à en avoir des douleurs violentes dans les mains pour lui offrir un petit clavecin bon marché. Et il apprenait toujours avide de cette connaissance délicate et cultivée que sa maman lui offrait, ainsi que les beaux vêtements qu'elle lui confectionnait, malgré les tissus parfois un peu rêche ou d'une couleur légèrement honteuse. Son père se lassa vite d'essayer de faire entendre raison à sa femme et la laissa s'amuser avec sa petite poupée vivante. Dorothea raconta à son fils ce qu'était la cour avant, quand son arrière-grand-mère y était reçue par Marie-Antoinette elle-même, quand il y avait des bals, des fêtes grandioses et magnifiques. Au fond, elle inculquait à Delilah le besoin de s'élever socialement, d'un jour reprendre ses droits sur sa nature-même. Car leurs lettres de noblesse, Dorothea les gardait précieusement. On les lui avait léguer dans le secret et elle entretenait ce mystère avec son compagnon d'infortune.

Quand Dorothea fut prise au service d'une riche bourgeoise, elle offrit à son garçon des cours de danse... à sa demande! Ainsi, il apprit avec une ancienne étoile de l'Opéra Garnier et se prit de passion pour ses heures où il pouvait se libérer totalement du carcan de la société. Car son professeur avait très bien compris qu'elle n'avait pas là affaire à un petit rat d'opéra, plutôt à une nymphette qui ne demandait qu'à délier son corps délectable. Elle le laissa alors se forger un genre, l'emmena voir des spectacles gratuitement... Il était émerveillé. Un soir, elle l'emmena au cabaret, pour découvrir autre chose que le ballet classique. Il découvrit les merveilleuses danseuses faites de plumes et de paillettes, les effeuilleuses sensuelles et intouchables, il discuta avec beaucoup d'entre elles, lui fasciné par l'énergie qu'elles pouvaient véhiculer sur scènes, elles attendries par ce petit bout de garçon aux yeux remplis d'étoile. Delilah avait 10 ans quand il décida d'abandonner ses cours avec l'ancienne étoile et d'apprendre avec ces filles-là. Sa mère fut réticente dans un premier temps, imaginant l'univers des cabarets comme un lieu de débauche... puis rencontra la future marraine de son fils, une certaine Llewella Lilium, danseuse célèbre dans tout Paris et pour qui beaucoup voyageait des jours pour espérer l'apercevoir sur scène. Dorothea accepta et Delilah entreprit son apprentissage avec Llewella, prodigieuse danseuse, magicienne du corps et créatrice de rêve.

Cette aventure dura deux ans. Le jeune garçon s'embellissait de jour en jour, laissait pousser sa chevelure de fait à posséder une toison à en faire pleurer plus d'une. Au départ, il aidait Llewella dans ses préparatifs ce contre quoi elle lui apprenait la danse, à se costumer, à se créer un personnage. Affectueusement, elle l'appelait « Lovely Candy », nom qu'il garda pour la scène. Tout bascula quand Dorothea mourut brutalement, de faiblesse, d'ennui, de maladie. Le roux trop occupé dans ses découvertes avait beaucoup négligé sa mère et se sentit coupable de sa mort. Son père lui posa un choix important: soit il restait vivre avec lui mais devrait travailler à ses cotés pour pouvoir vivre, soit il partait. Il pleura beaucoup dans le giron de son enseignante, elle-même avait le cœur brisé de se séparer d'une si adorable chose. Et Delilah ne pouvait pas imaginer aller travailler dans une fosse commune. Ainsi, il dut s'arranger avec Llewella. Elle le logerait, le nourrirait, continuerait son apprentissage, mais pour cela, il devrait travailler. Le jeune garçon n'était pas ignorant des suppléments qu'offrait Llewella à certains clients du cabaret fortunés et c'est pourquoi il accepta, malgré la peur qui l'étreignait et l'appréhension. La dame le rassura, lui promit de lui trouver des personnes biens mais lui promit surtout ses premiers pas sur scène. Pour son anniversaire, pour ses 13 ans. Il fallait donc être patient.

Le premier client que Delilah rencontra était un poète alcoolique. Un certain Charles, un homme désabusé, obsédé par les femmes et leurs vices. On avait dit au jeune homme qu'il était un critique littéraire très connu, un ami de Théophile Gaultier... mais avec un sourire amusé, le jeune garçon pensa que les écrits de ce Charles* devaient être trop insidieux pour qu'on les lui fasse lire. La soirée commença bien, on avait chargé Delilah d'être l'hôte du poète, de lui servir à boire, de toute façon, le service était déjà payé. L'homme fumait beaucoup et le roux fut enivré par les vapeurs d'Opium, le tout mêlé à la musique, aux corps à demi-nus dansant sur scène. Tout se passa tellement vite que Delilah eut l'impression d'avoir fermé les yeux une seule seconde entre le moment où il avait accueilli cet homme et le moment où il s'était retrouvé dans une chambre de la maison close, attenante au cabaret. Les choses se passèrent presque naturellement, comme si le jeune homme savait les gestes, les envies, les besoins de cet homme qui avait payé pour son corps. Bizarrement, il n'eut presque pas peur, il eut surtout un déclic en voyant cet inconnu totalement ébloui par sa beauté. Il se rendit compte du pouvoir qu'il pourrait exercer sur les autres, de ce qu'il pourrait obtenir par ses seules faveurs. Il pensa à sa mère et à cette volonté agressive qu'elle avait eu à lui donner envie de gravir les échelons et de briller dans une société.

Comme Delilah était jeune et définitivement attrayant, il était plutôt assez demandé. Mais Llewella se voulait ferme là-dessus. Il était encore un enfant et c'était elle qui choisissait ses clients et le rythme auquel il pouvait les accepter. Le but n'était pas de le briser, mais seulement de le nourrir. Et vu la somme que certains allongeaient pour ne serait-ce être qu'à la même table que lui et se faire servir un verre d'absinthe, ils mangeaient plutôt comme des rois. Mais le rouquin avait d'autres idées en tête. Ses 13 ans arrivaient bientôt et il préparait activement sa première scène. Llewella avait fait appel à sa costumière personnelle et ainsi avait créé le costume idéal et merveilleux pour ce garçon. Et puis, le grand soir arriva. Llewella avait été impartiale: uniquement de la danse, rien de plus. Elle insistait sur le fait qu'il était un enfant qu'il avait le temps avant de devenir la proie rêvée pour un grand nombre de prédateurs avides d'une chair aussi fraîche et tendre que la sienne. Delilah monta sur scène, Delilah se mit à danser, Delilah captiva une salle bondée un samedi soir. Il ne savait pas trop ce qui était le plus jouissif: le fait d'avoir enfin pu accéder à ce dont il rêvait – danser pour d'autres – ou alors tout ces gens qui l'avaient acclamé à la fin. Ce succès fit naître une certaine pointe de jalousie en Llewella, l'impression qu'elle était passée, vieillie, qu'on ne se déplaçait plus pour elle mais pour l'adorable monstre de séduction qu'elle avait créé.

Ce petit train de vie dura un an, le cabaret se portait à merveille avec ses deux étoiles. Puis un jour, Delilah fit une rencontre qui bouleversa son train de vie. Tous les soirs venait un homme magnifiquement vêtu, on chuchotait que c'était un Lord anglais qui avait fait le déplacement pour voir Llewella. On ne lui servait que les alcools les plus plus chers et les plus fins, on ne lui attribuait que les hôtesses les plus délicates et raffinées. Mais il revenait tous les soirs dans l'espoir de voir quelque chose. Delilah l'avait observé toute la semaine, en avait parlé avec Llewella -qui ne se produisait qu'un soir par semaine et changé aléatoirement de jour pour ne pas faire désemplir le cabaret et pour faire espérer le public (il en était de même pour Delilah, et il ne dansait qu'en milieu de nuit.). Vint le moment où le petit roux dut performer et bizarrement, il était étreint par un sentiment d'angoisse, comme si sa vie allait se jouer dans ce numéro, dans ce corset qu'il délacerait sous les sifflets du public, qu'il laisserait choir avec une expression béate, dans ces lumières bleutées qui joueraient sur sa peau de pêche. Et il eut raison. A peine fut-il descendu de scène, qu'une haute silhouette vint à sa rencontre dans la noirceur des coulisses. Une main sur sa joue moite et rougit, une autre sur ses hanches, juste un souffle non loin de ses lèvres. Mais rien de plus. Juste la sensation exquise de cet être-là sous les mains. Apeuré, Delilah ne bougea pas et la silhouette partit comme elle était venue. Alors qu'il se défaisait de ses attraits de scène, Llewella était entrée dans leur loge, avait fermé la porte à clé et arborait un air grave.

Elle lui expliqua longuement son histoire à elle, ses parents qui l'avaient abandonnée, comment elle avait du se débrouiller, son manque d'éducation... elle lui parla d'une femme qui avait subvenu à ses besoins, une bourgeoise fantasque qui avait eu pitié d'elle et qui s'ennuyait dans son ménage. Elle lui expliqua comment elle avait réussi à se forger ce personnage, à être Llewella Lilium, cette danseuse que des centaines de personnes venaient voir chaque semaine. Mais Delilah connaissait très bien l'histoire de sa tutrice et ne comprenait pas vraiment pourquoi elle la lui répétait. Cependant, il ne l'interrompit pas, il devinait sur ses traits une certaine appréhension, des mots qui avaient du mal à se frayer un chemin jusqu'à ses lèvres, comme étreint par l'émotion. Et effectivement, elle se jeta sur lui pour le câliner, pour le remercier de sa présence, pour lui dire que sans lui, elle se serait enfoncée dans une routine dangereuse, qu'elle était fière de lui mais qu'un choix plus que vital allait s'imposer maintenant. Entre deux sanglots protecteurs, elle lui parla du Lord anglais, elle lui parla de son influence, de sa richesse, de sa place auprès du Ministère des Affaires Étrangères, de ses liens avec la Reine. Elle lui fit l'éloge de cet homme qui venait là depuis une semaine dans l'espoir de le voir lui, Delilah « Lovely Candy » sur scène. Et que maintenant, il désirait l'emmener. Lui faire découvrir le monde, que le monde le découvre. Mais le jeune garçon n'était pas dupe. Et il avait raison. Tout cela avait un prix. Sir Desreal, car tel était son nom, offrait à Llewella une rente annuelle assez coquette si Delilah lui appartenait tout entier. Et elle avait accepté. Au roux maintenant d'y laisser son mot, mais elle le conjurait de partir, de devenir l'étoile qu'elle n'avait pas pu être, de retrouver toute sa noblesse d'antan.

Et Delilah accepta. Il devint le mignon personnel de Sir Leandre Desreal, chargé des légions anglaises dans leurs colonies et représentant officiel de la Reine lors de déplacements outre-Atlantique. Delilah accepta réellement cette condition de prostitué exclusif. Mais avant-même que Leandre ait pu poser les mains sur lui, il avait déclaré mettre un terme à leur contrat, sans quoi, il partirait sans un mot. Leandre céderait à ses toutes envies tout comme lui céderait aux siennes, c'était un fait. Mais Leandre devrait lui donner une place de choix dans la noblesse et lui permettre d'aller se produire sur scène une fois par semaine. Le marché fut conclut sans problème. Le jeune garçon avait alors 14 ans quand il quitta pour la première fois Paris et ce dans des habits neufs, d'une richesse délicieuse et accompagné d'un des hommes les plus importants d'Angleterre. Soit. Comme le lui avait enseigné Dorothea et Llewella, il fallait parfois faire des sacrifices pour arriver à ses fins. Pendant trois ans, ils voyagèrent ensemble pour des missions que devait remplir Sir Desreal à l'étranger. L'Asie, l'Afrique, l'Amérique... toutes ces destinations dont Delilah n'aurait jamais osé espérer voir dans ses rêves. Trois ans où le jeune homme découvrit les beautés du monde, ramena des caisses de tissus les uns plus beaux que les autres, revint avec un corps percé et tatoué, embellit pour l'éternité. Durant les temps où il était seul, il avait fait des nouveaux croquis de costumes, élaboré de nouveaux numéros. Si bien que quand il découvrit Londres, il avait avec lui un certain bagage de scène. Leandre lui trouva une costumière de talent pour réaliser ses vêtements, ses costumes, le Lord s'extasiant de la folie douce de son mignon, l'aimant un peu plus chaque jour.

Car oui, Leandre aimait éperdument le jeune homme, au premier regard posé sur ce juste garçon dans ce cabaret parisien, puis à cette flamme qui s'était embrasée en lui quand il l'avait vu sur scène... Il avait succombé au charme entêtant du français durant leur vie commune, qu'il avait redouté au fond... il imposait à cet être de vivre avec lui mais le supporterait-il? Et tout se passait pour le mieux, tant que les termes de leur contrat tacite se tenaient. Jamais Delilah n'avait haussé le ton, jamais il n'avait eu un mot de travers. Le Lord était toujours très fier de son compagnon lors de soirée où le jeune homme, quelque peu extravagant certes, subjuguait l'auditoire par sa beauté, sa prestance et sa culture. Comme promis, il avait autorisé Delilah à se produire un soir par semaine au cabaret, endroit qu'il savait dangereux de par la conjoncture actuelle mais, il ne pouvait se résigner à laisser cet oiseau de paradis ne peut faire profiter de ses charmes et de son talent.

Actuellement, Delilah et Sir Leandre Desreal vivent dans un hôtel particulier très luxueux dans le quartier de Mayfair, entre décadence délicieuse, travail harassant pour le Lord et parfum, plumes et poésie pour le jeune homme.

* Pour ceux qui auraient un doute, oui c'est Charles Baudelaire. Je n'ai aucune certitude que l'homme réel ait fréquenté les deux bords, mais c'est du RP donc bon xD







REMARQUE: Je ne compte pas faire jouer à quelqu'un d'autre le personnage de Sir Leandre Desreal et c'est ce pourquoi, je préfère rester un peu évasive sur celui-ci (à part sa profession etc.). Aussi, je pense parfois l'utiliser en PNJ dans mes posts mais il ne constitue pas un personnage clé dans le RP.

Portraits:

Delilah de Néphélée. [ Fiche Complète! ] Laandr10
Delilah de Néphélée. [ Fiche Complète! ] Llewel10
Sir Leandre Desreal
&
Llewella Lilium


Dernière édition par Delilah De Néphélée le Mer 13 Avr - 0:05, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Delilah de Néphélée. [ Fiche Complète! ]   Delilah de Néphélée. [ Fiche Complète! ] Icon_minitimeSam 22 Jan - 1:47

【Transition des deux ans 】

L'histoire prend son cours après ce RP (en cours pour l'instant, mais tout le monde se doute de ce qu'il va se passer muahahah) --> Unholy water, sanguine addiction

Il s'était réveillé doucement. La chambre était encore plongée dans la pénombre, il ne devait pas être bien tard. Il glissa la main sur la place vide et froide à coté de lui. Hm évidemment, il ne se serait pas risqué à rester et Delilah le comprenait bien. Il ne savait pas trop s'il devait avoir des regrets ou non. Après tout, c'était un peu de sa faute, c'était lui qui avait invité le Vicomte, c'était lui qui l'avait emmené ici. Et c'était lui qui avait relancé leur petit jeu. Était-ce bien raisonnable au fond? Maintenant qu'il s'était pour ainsi dire venger de l'affront que lui avait infligé Léandre, que devait-il faire? Il se leva doucement, laissant les draps de doux coton glisser sur sa peau blanche et alla enfiler un ensemble de nuit en flanelle. Juste pour dire d'être présentable dans les couloirs. Il sortit à pas de loup. Il pouvait entendre le ballet des domestiques s'affairant à redonner à la demeure un air normal et propre. L'aube arriverait bientôt. Il descendit toujours aussi silencieusement au 1er étage et se rendit dans la chambre de son propriétaire. Il fit bien garde à ce que personne ne l'aperçoive. Il savait pertinemment que certains domestiques ne l'appréciaient pas, surtout ceux au service de la famille Desreal depuis des décennies. Emily lui avait déjà fait des recommandations: qui éviter, qui ne pas croiser... Il se glissa à l'intérieur de la chambre et fut surpris de constater que le lit n'était pas défait et donc vide. Traversant la grande pièce à tâtons (bien qu'il la connaisse par cœur), il sursauta quand il découvrit Léandre assis dans un des beaux fauteuils de velours, le regardant avec un petit sourire.

« Votre présence ici mon cher cousin, quel honneur. »

Aux vues du ton qu'employait le blond, Delilah se rendit compte qu'il s'agissait plus de lassitude que de moquerie ou autre. Le jeune homme alla s'appuyer contre le rebord d'une fenêtre alors que son aîné se levait et venait se planter à quelques pas de lui. Sans lever les yeux, le roux lui adressa enfin la parole après ces longs jours.

« La soirée s'est-elle déroulée comme vous le souhaitiez? »

Léandre eut un sourire réellement amusé.

« Tu me vouvoies dans l'alcôve maintenant? … Oui, c'était assez ennuyeux ces discussions de travail, à croire qu'on ne sait rien organiser simplement. Mais le sujet le plus amusant de la soirée n'était pas notre voyage. »

Delilah s'approcha du Lord et commença à le déshabiller comme il était de coutume quand ils étaient ensemble. Pas forcément pour s'adonner à des activités libidineuses ou même pour traiter Delilah comme un valet, c'était quelque chose que le français aimait bien faire. Et il savait qu'à ce moment-là, Léandre avait peut-être besoin qu'ils soient de nouveau proche.

« Quel était-il ce sujet? »

Il avait retiré la veste et le gilet et s'attaquait maintenant aux boutons de la chemise. Il sentit son vis à vis soupirer. Et ça, ça n'annonçait jamais rien de bon.

« Un des Lords présents m'a transmis un message de la Reine. Elle invoque les bonnes mœurs, l'image, l'exemple... tout ça pour dire qu'elle souhaiterait que je me marie. »

Les doigts de Delilah se crispèrent sur les pans de la chemise et son regard se figea sur la poitrine du Lord. Il était estomaqué. A vrai dire, il n'arrivait pas à y croire. Le mot « mariage » ne pouvait pas exister dans leurs conversations, il connaissait Léandre et ses positions sur ce genre de conventions sociales...

« Et tu sais comme moi que ce que souhaite la Reine fait office d'ordre. »

Le roux resta silencieux, ses mains tremblants légèrement. Il avait l'impression que ses entrailles se détachaient peu à peu de son corps et tombaient, se répandaient partout. Il eut brusquement froid. Il eut mal au cœur.

« Mais je tiens à te rassurer... il ne s'agirait que d'une épouse de circonstance. Le genre assez bête pour être amourachée et accepter de n'être ensemble qu'en société. D'ailleurs, ton avis sera important vu que... »
« J'ai brisé notre contrat. »

Les mots étaient sortis rapidement de la bouche de Delilah, il n'avait pas pu s'en empêcher. Un silence morbide suivit cette déclaration. Le garçon était prêt à pleurer: de frustration, de colère, de douleur, peut-être tout cela à la fois. Léandre était à lui, il n'avait pas à le partager avec une de ces horribles poupées trop maquillées. Avant que le blond reprenne la parole, il enchaîna.

« J'étais tellement fâché contre vous, tellement humilié... je voulais vous rendre la pareille. J'ai brisé le contrat, je me suis offert à quelqu'un d'autre que vous. Ce n'est pas comme si c'était déjà arrivé, je n'arrive même pas à dire si j'éprouve des regrets ou non. Mais je crois que vous me punissez largement pour cela. Même sans le vouloir. L'idée-même de votre épouse vivant ici m'est insupportable. »

Léandre lui prit les mains, le forçant à lâcher la pauvre chemise et l'enlaça doucement. Au fond, il était aussi responsable de cette situation et de ses conséquences alors que pouvait-il dire après un tel élan de sincérité? Delilah s'accrocha à lui avec une verve qu'il s'ignorait jusque là.

« Et même si cette chose n'est là que pour la circonstance, vous allez lui devoir une nuit de noce. Elle vous suivra partout. Elle sera là tous les jours. Elle aura tout ce que je ne peux pas vous offrir: un nom, une dot, elle pourra donner la vie et une suite à votre lignée. Et moi, au fond, je ne suis qu'un bel objet. »

Le roux se rendait compte bizarrement qu'il y a quelques heures, il aurait tout donner pour partir de là. Et maintenant, maintenant qu'on lui imposait un changement, quelque chose sur laquelle il n'avait aucune prise, aucun avis à donner... il voulait rester, il voulait respecter ce contrat jusqu'à sa mort. Il se rendait aussi compte que si leur secret venait à être découvert, c'était la fin de beaucoup de choses.

« Elle ne sera qu'une épouse de circonstance Delilah. Quand bien même ton nom ne soit plus celui d'un noble ou ton corps éternellement celui d'un garçon. Parfois, il faut juste s'accoutumer au cycle de la vie et moi-même je n'y peux rien. »

Delilah se laissa aller dans leur étreinte et porter dans le lit. Il s'étonna que Léandre accepte de l'avoir près de lui avec l'odeur d'un autre sur la peau. Il s'étonna aussi quand le blond se blottit doucement contre lui, la joue contre son cœur. Et le jeune homme se sentit ému. Léandre avait réellement deux façons d'agir: entre la violence capricieuse et la délicatesse inattendue. Delilah resserra ses bras fins autour de lui.

« Promet moi juste que ça n'arrivera plus. »
« Je crois que je suis tombé amoureux de vous Léandre. »
« Et bien, s'il avait fallu d'une épouse pour entendre ça un jour, j'aurai choisi cette solution plus tôt! »

Le plus jeune ne put s'empêcher de rire doucement. Un rire emprunt d'amertume cependant. Cette histoire d'épouse n'avait vraiment rien du bon. Un vague pressentiment...

¤

Il avait fallu faire le voyage, préparer les tâches des domestiques restants, celles de ceux qui partaient, Emily avait pesté contre son maître qui prétendait ne pas prendre beaucoup de choses quand on était déjà à cinq malles entièrement remplies (et qu'on avait fixé une limite à trois.) et le jour tant attendu arriva enfin. Delilah n'avait personne à qui dire adieu, au revoir ou à bientôt. Au cabaret, ça avait déjà été fait, il n'avait pas non plus vraiment d'amis à qui dire souhaiter une belle vie pendant ces deux ans et il trouvait déplacé de dire au revoir au Vicomte. Après tout, rien ne les liait, si ce n'était que pour provoquer Léandre, il s'en passerait volontiers. Puis enfin, ils entamèrent leur voyage. Des semaines à rester enfermer sur un bateau de la marine royale, des jours et des jours à jouer un rôle face à la bonne société qui était embarqué là, des nuits et des nuits aussi indécentes les unes que les autres. Delilah ne savait pas vraiment si l'idée de voir une épouse arriver dans leur environnement avait provoqué ça, mais il avait l'impression d'avoir de nouveau 16 ans, quand Léandre et lui avait vécu une sorte d'apogée dans leur relation, quelque chose de presque aussi fort que des sentiments amoureux. Bien sur, une fois à Londres tout cela s'était perdu. Les jours étaient donc plus longs que les nuits, le voyage n'en finissait pas et le roux fut bientôt lassé de la compagnie de ces nobles avec qui il fallait obligatoirement faire la conversation pour dire d'être socialement intégré.

Puis enfin, ils débarquèrent à Bombay et s'installèrent dans une des résidences estampillées royales. Tout se passa merveilleusement les premiers mois: Léandre travaillait sur ses histoires d'affaires étrangères et autres choses comme le commerce et les armées tandis que le français visitait énormément de choses. Temples, marchés, villages, villes, le jeune homme était émerveillé des beautés de l'endroit et s'il avait pu, il serait parti plus loin dans le pays pour découvrir d'autres sites. On l'autorisa à partir avec un guide et Emily pour des excursions de plusieurs jours. Et il dut acheter d'autres malles pour toutes les tonnes de tissus qu'il avait déjà trouvé à ramener. Puis la ferveur retomba, un énième temple, un énième petit village où au final il était plus l'attraction qu'autre chose... il commença à se lasser un peu. A Bombay, Léandre et lui étaient régulièrement invités dans des réceptions où le roux s'ennuyait à mourir: les lords parlaient du cours de la livre sterling en fonction du ratio d'échanges avec l'Inde et les dames parlaient des derniers potins londoniens. Très vite, Delilah ne se présenta plus que sporadiquement à ce type d'évènements. Il avait visité la demeure où ils étaient de fond en comble, des jardins florissant et exotiques aux serres où poussaient de drôles de plantes, aux dizaines de chambres toutes dans un style différent, à la cave humide qui ressemblait parfois à une crypte dédiée aux rats, aux combles et greniers où se trouvaient de vrais trésors anciens.

Plus le temps passait, plus le jeune homme devenait un compagnon de la solitude. Bien sur, il y avait Emily mais pouvait-il réellement briser les conventions sociales au point d'en faire une égale aux yeux des autres? Peu à peu, on ne l'invitait plus aux réceptions. Peu à peu, Léandre ne partageait plus son lit, les draps restaient froids à ses cotés, les nuits étaient glaciales. Peu à peu, Léandre ne partagea plus la même table que lui, et Delilah dînait en silence, face à une chaise vide le tout accompagné du cliquetis des plats, des bruits de pas des serviteurs. Le garçon voulut écrire... mais à qui? Il n'allait tout de même pas envoyer une lettre au tenancier du cabaret pour lui dire « eh mon ami! J'ai plein d'idées de costumes qui aboutiront à des numéros super! Prépare-toi à t'en mettre plein les poches! ». Il voulut écrire au Vicomte de Druitt, mais l'inspiration ne venait pas. Au fond, il avait accepté de rester avec Léandre, de partir alors que le blond lui avait plusieurs fois, même sans le vouloir!, intimé la fuite. Il n'allait pas se mettre à écrire pour épancher ses plaintes et sa solitude. Pas après déjà six mois en Inde. Cela ne représenterait que son ennui. Alors le roux se mura dans cette routine silencieuse et mélancolique. Oh bien sur, il trouvait à s'occuper: il lisait beaucoup (et heureusement pour lui, la demeure comptait une bibliothèque gigantesque), il avait déniché une salle vide où il pouvait danser, ou du moins ne pas laisser son corps se rouiller, il imaginait effectivement de nouveaux numéros, dessinait de nouveaux costumes, discutait avec Emily qui s'avéra être une demoiselle au final fort instruite et de très bonne compagnie. Mais il restait que Delilah s'ennuyait particulièrement et qu'il ne voyait plus personne, même pas Léandre alors qu'ils vivaient au même endroit. Parfois, il sentait son odeur, entendait sa voix mais quand il allait à sa rencontre, il ne trouvait personne. Il avait même poussé le vice à aller dormir dans la propre chambre du Lord … mais celui-ci ne se montra jamais. Delilah ne prenait plus la peine de s'habiller correctement, enfin dans ce que la correction représente pour la norme sociale, une chemise légère, un short de lin et c'était tout. Il regrettait Londres, sa puanteur, le cabaret et ses consommateurs gras, moches, pauvres, nobles et anonymes. Il regrettait le temps froid, la pluie, le ciel gris. Il se surprenait même à penser au Vicomte en soupirant, à se demander si parfois il se souvenait de lui, s'il ne l'avait pas oublié... puis il s'insultait de midinette et mettait ces considérations sur le compte de l'ennui. Il en avait assez de ce pays trop chaud... où, alors qu'il y avait des milliers d'habitants, il était surement l'homme le plus seul de Bombay. Pour finir, il écrivit quand même au tenancier du cabaret. Pour au moins lui assurer que son étoile n'était pas morte du choléra.

Emily lui racontait régulièrement les conversations des autres domestiques, ce qu'ils avaient vu, les dernières rumeurs, les nouveautés. Mais cette fois, la demoiselle lui parla de Léandre. Il paraitrait que Lord Desreal faisait depuis quelques mois une cour très délicate et habile à une jeune duchesse, Miss Camille Somerwell. Delilah posa alors des questions sur la dite-duchesse, un nœud au ventre. C'était une jeune femme d'à peine 20 ans, très éduquée et pieuse, la représentation de la petite fille modèle sans une boucle de cheveux qui dépasse, sans un décolleté affriolant. Elle était là pour accompagner ses parents, son père étant en commerce avec l'Inde. Et les rumeurs disaient aussi que la jeune femme était secrètement amoureuse du Lord depuis que la reine avait parlé de lui. Car en plus, c'était une famille proche de la reine, et Camille était une de ses petites protégées! Delilah comprit instantanément que cette Miss Somerwell était donc la future épouse de circonstance et donner un nom, une consistance à ce cauchemar enfonça un peu plus le jeune homme dans sa mélancolie. Ce n'était plus à Londres qu'il voulait rentrer, mais à Paris. Pour oublier tout ça, quitte à reprendre son horrible vie faite de paillettes et de stupre. Ce soir-là, il était descendu pour dîner quand un des domestiques l'arrêta et lui annonça que le dîner se tenait dans la grande salle de réception et qu'il était convié à se rendre dans le grand salon. Et c'est là que l'oreille du jeune homme capta la rumeur qui s'élevait, les bruits de verres qui tintent, les rires, le murmure au loin des paroles. Une colère sourde monta brusquement en lui et il se rendit dans le grand salon. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir l'endroit bondé, illuminé, bruyant, remplis de perruches maquillées et poudrées, d'hommes en costume. Il chercha Léandre des yeux et l'aperçut non loin du buffet. Il fendit la foule pour aller le rejoindre et alors qu'il était à quelques pas du Lord, une voix s'éleva.

« Eh bien mon cher Léandre, quel charmant petit sauvage que voilà! Vous avez décidément plus d'un tour dans votre sac! »

Delilah se retourna et se trouva nez à nez avec une jeune femme à la beauté fade, sans vraiment de prétention, maquillée et vêtue à la mode, son décolleté savamment mis en valeur par une dentelle piquetée qui laissait plus deviner qu'autre chose ses formes. Elle était blonde et ses yeux verts pétillaient. Il la suivit du regard alors qu'elle allait s'accrocher au bras de Léandre. Et le cœur du roux manqua un battement quand il vit le regard froid que lui lançait le Lord. Il ne répondit même pas à l'insulte de la jeune femme, il supposa qu'il était en face de Miss Camille Somerwell et que tous les yeux étaient tournés vers le couple qu'elle formait avec Léandre. La voix de velours du blond le cloua sur place. Des mois qu'il ne l'avait pas vu ou entendu.

« Ce n'est pas un sauvage Camille , il s'agit de mon cousin germain, Delilah de Néphélée. Mon cher ami, vous auriez pu faire un effort vestimentaire pour ce soir, bien que je le conçois, il fait une chaleur torride. »

Delilah fronça les sourcils. Qu'est-ce que c'était ce numéro qu'il jouait? Il répliqua d'un ton abrupt.

« Je me serais effectivement habillé pour l'occasion si vous aviez eu l'obligeance de m'inviter. »

Le roux tourna les talons et traversa à l'inverse le grand salon. Léandre jeta un regard désolé à sa compagne.

« Je vous prie de m'excuser, je vais de ce pas régler un mal-entendu. »

Et le blond se détacha de la jeune femme avant de partir à la suite du garçon. Il devait avouer qu'il avait tout fait pour l'oublier mais revoir ces longues jambes nues et fines avait réveillé en lui des instincts qu'il avait essayé de brider.

Delilah était furieux, humilié, et surtout il ne comprenait pas vraiment la scène qui s'était déroulée. Ça allait faire quasiment un an qu'ils ne s'étaient pas vu, pas même croisés et voilà que Léandre lui faisait le coup de « c'est mon cousin blablabla ». Il était naïf mais pas idiot... Il allait partir vers la bibliothèque quand on agrippa fortement son bras. Dans son élan, il se retrouva acculé contre un mur et une expression de colère froide se peignit sur ses traits quand il découvrit que son agresseur n'était autre que son propriétaire.

« Que faisais-tu là? »
« Je vis encore ici si tu l'as oublié, un domestique m'a prié d'aller dîner avec vous. Tu devrais leur rappeler de tenir leur langue en présence du gueux qui te sert de cousin! D'ailleurs c'est étonnant que tu te souviennes encore de mon nom après tout ce temps! »

Revoir ce visage, réentendre cette voix... Léandre aurait peut-être tout donner pour cela, mais pas dans de telles conditions. Face au silence du plus âgé, l'invective reprit.

« Et je suppose que cette espèce de cruche insultante était Mlle Somerwell. Je suis ravi de rencontrer ta future épouse Léandre! Idiote, creuse, visiblement insipide et prude, à peine jolie … tu as trouvé le portrait parfait pour la femme de circonstance! »

Et c'en fut trop pour le blond, il savait qu'il avait raison et la seule envie qu'il avait... c'était de l'embrasser et de lui demander pardon. Mais ce n'était pas ce qu'il avait prévu de faire pour lui, et même pour Delilah. Il attrapa la harpie rousse à la gorge et planta un regard de pur mépris dans celui mordoré du jeune homme.

« Fais attention à tes paroles. Tu parles d'une duchesse, d'une future Dame. D'une femme au sang noble. Toi, la putain, tu oses parler ainsi de quelqu'un qui t'est supérieur. N'as-tu pas honte? Ne penses-tu pas que tu devrais reconsidérer ta place face à elle? Dois-je te rappeler pourquoi tu es ici? Parce que je t'ai acheté. Tu n'as de noble que la particule de ton nom de famille. Alors demande-toi plutôt qui est la personne de circonstance ici. »

Delilah écarquilla les yeux. Il devait rêver. Jamais le Léandre qu'il connaissait n'aurait pu prononcer ces mots, n'est-ce pas? La main sur sa gorge disparut et il se laissa glisser contre le mur alors que le Lord s'éloignait à grands pas. Ses doigts fins vinrent se loger dans son cou à la place de ceux de Léandre. Et doucement, silencieusement, il pleura. Il n'avait pas pour habitude de se laisser aller ainsi aux sentiments, mais il se sentait poignardé, définitivement humilié et inutile. Léandre venait de marcher sur sa dignité comme il foulerait du pied le sol le plus insignifiant. Il venait de mettre des mots sur sa situation concrète: celle d'un garçon qu'on entretient et rien d'autre. Une main se posa sur son épaule et il reconnut la douce odeur d'Emily. Elle l'aida à se relever, essuya ses joues avec son mouchoir et lui sourit. Delilah ne savait pas vraiment ce que représentait ce sourire, mais s'il n'était qu'une chose à entretenir, soit. C'est ce qu'il serait réellement.

Une heure plus tard, il était partie de la demeure seul. Il avait plutôt bien visité la ville, ainsi connaissait-il même de loin les quartiers où des gens comme lui devaient se trouver. La suite? Il ne s'en souvient pas vraiment. Il pourrait parler des vapeurs d'opium, des drogues locales, de l'alcool, de toutes ces mains sur lui, de ces corps, du reflet humide des peaux qui s'entrechoquent. Il n'aurait su dire combien, qui s'était perdu en lui, en qui s'était-il perdu. Jusqu'où même avait-il franchi les limites de l'indécence. Car il le savait, dans ce monde à la peau sombre et parfumée, il était une attraction, un bijou qui allumait même en les cœurs les plus purs les pires envies. S'il avait du expliquer son geste, il aurait juste répondu qu'il œuvrait pour le désir et les affres pernicieux du plaisir. Et ce même dans le sang. Et pour n'importe qui. Tout n'était que l'oeuvre immonde et malsaine de la haine mélangée au sexe, on ne s'aimait pas, on se haïssait par le corps, dans la douleur sale. On ne prêchait qu'une seule et unique religion: celle de la chair qui a mal. On s'abandonnait dans l'horreur sainte de la douleur à qui l'on donne tout. On...

Quand il s'éveilla, il eut l'impression que son cerveau était transpercé de part en part. Le décor n'était pas du tout le même que celui de l'endroit où il avait passé la nuit et il reconnaitrait l'odeur qui imprégnait cet oreiller entre mille. Il ouvrit difficilement les yeux pour tomber sur la vision d'un Léandre endormi, le visage enfoui dans ses bras, à demi-assis sur une chaise. Sans un bruit, il se leva même si la pièce tournait dangereusement et sortit de cette chambre. Il aurait très bien pu le réveiller, ils auraient pu discuter, s'excuser peut-être. Mais Delilah ne regrettait rien, il n'avait pas à s'excuser tout comme il n'excuserait pas les mots de Léandre. Il se rendit alors comme il put jusqu'à sa chambre. Et quand il y arriva, il tomba nez à nez avec Emily. La jeune femme l'enlaça fortement tout en murmurant des mercis à l'adresse d'on ne sait quelle personne ou entité. Le roux la regarda avec une compassion pitoyable sans pour autant comprendre une telle réaction. Il perdit doucement l'équilibre et elle le lâcha avant de l'emmener faire asseoir sur un fauteuil de velours. Toujours dans sa précipitation enthousiaste, elle alla dans la salle d'eau préparer un bain. Et le conduit jusque là, doucement, le déshabilla... tiens, ce n'était pas ce qu'il portait la veille, il n'était vêtu que d'une simple chemise... et l'aida à se glisser dans l'eau. Il eut l'impression de redécouvrir ce qu'était la chaleur d'un bain. Elle lui lava les cheveux soigneusement, utilisa les plus belles senteurs pour sa peau, massa son dos. Il y avait quelque chose de personnel dans ses actes et Delilah ne comprenait pas vraiment. Il lui jeta un œil torve. Et elle fondit en larmes.

« Oh monsieur, si vous savez comme j'ai rêvé de ce regard pendant toutes ces nuits!! »

Le roux se mit à penser qu'elle avait vraiment de sérieux problèmes... ou alors qu'elle était amoureuse de lui, et là c'était un réel problème. Les mèches de ses cheveux carmins s'étalaient dans l'eau comme les tentacules d'une pieuvre rouge et il trouva qu'ils étaient beaucoup plus longs que la veille. D'accord, soit il perdait la tête, soit effectivement, il y avait eu un miracle capillaire cette nuit. Séchant ses larmes, elle le fit sortir de la baignoire, il sentait pourtant ses muscles être toujours très faibles et elle le sécha doucement avant de l'aider à s'habiller sobrement. Quand ils revinrent dans la chambre, Léandre arriva en catastrophe. Puis dévisagea littéralement le français.

« Vous comptez me regarder tous les deux comme si j'étais le messie encore longtemps? »

Et cette fois, ce fut au tour du blond de l'enlacer férocement. Le monde était fou et Delilah était le seul survivant sain d'esprit. On le fit asseoir dans son lit, Emily à sa gauche les yeux toujours embués de larmes et Léandre à sa droite, contenant tant bien que mal un sourire. Et on lui expliqua.

Cette nuit-là, Emily ne l'avait pas retrouvé. Elle avait eu l'idée de le laisser seul dans sa chambre car elle ne voulait pas le déranger compte tenu des évènements. Puis au bout de deux heures, elle était revenue voir s'il voulait du thé ou manger quelque chose … et elle avait trouvé la chambre vide. Elle l'avait cherché dans toute la demeure, demandé aux domestiques, aux invités si personne ne l'avait croisé et évidemment, la réponse était non. C'est enfin tard dans la nuit qu'elle avait pu mettre la main sur Léandre et l'alerter. Il avait quitté la réception et sa compagne pour partir avec elle dans la ville. Le blond le connaissait parfaitement, alors ils se retrouvèrent assez vite dans les quartiers un peu malsains de la ville, entre cabarets douteux, maisons closes destinés aux européens, fumeries, revendeurs louches... Il leur avait fallu interroger plusieurs personnes plus ou moins maladroitement pour trouver où le roux avait pu se rendre. Et c'est au petit matin qu'ils étaient entrés dans une maison de passe sur le point de fermer ses portes pour la journée. On retrouva Delilah, parfaitement inconscient et sans aucune réponse envers le monde extérieur. L'indien qui gérait l'endroit n'avait pas voulu dire ce qu'il avait pu se passer, avec qui, avec quoi et on avait ramené le garçon à la demeure. Léandre avait ordonné qu'on le mette dans sa propre chambre. On avait fait venir plusieurs médecins, dont un de Londres et tous avaient eu le même verdict: aucune idée et tout à la fois, choc émotionnel, abus de diverses substances, disposition psychologique à l'apathie … Cela faisait maintenant presque quatre mois depuis cette nuit-là.

Delilah n'en revenait simplement pas. Il avait dormi pendant quatre mois? Mais tout lui paraissait si proche. Il n'avait pas de clair souvenir de cette nuit-là certes, mais les odeurs, les sensations, tout était encore là... Léandre lui expliqua ensuite que l'histoire avait fait le tour de Bombay, que des amis à lui avaient posé des questions et toujours, il avait nié. A cela, le roux ne savait pas quoi répondre. Tout paraissait si irréel.

« Je ne te demanderais pas ce qui t'as poussé à agir comme ça mais je crois que je te dois les plus grandes excuses. »

Delilah jeta un regard amer à son propriétaire.

« Si j'ai agi de la sorte c'était pour notre bien. Comment voulais-tu que j'épouse une femme tout en n'aimant que toi? J'avais parlé d'épouse de circonstance, c'est toujours le cas, mais je ne sais pas mentir et comment pouvais-je séduire une dame tout en mentant … Je voulais régler cette affaire au plus vite et au final, je n'ai fait que te blesser. »
« Regrettes-tu au moins tes paroles? »
« Je t'ai insulté... mais je crois que ce soir-là, j'ai perdu la tête. Entre mon coeur et ma raison, je n'ai pas fait le bon choix, j'en suis désolé. »
« Je voudrais rentrer. Je ne resterais pas encore 6 mois seul avant de repartir. »
« Tu peux repartir si tu veux dans ce cas, je crois que je n'ai plus rien à t'imposer. Aussi, mon travail ici est quasiment terminé... nous partirons par le premier bateau. »

Étonnamment, Léandre tint sa promesse. Et une semaine plus tard, ils embarquaient pour retourner en Angleterre. Les semaines passèrent lentement, Delilah se devait de rester au lit pour reprendre des forces, tout en faisant une fois par jour des exercices pour ré-assouplir ses muscles, pour réhabituer son corps au fonctionnement normal d'un squelette. Mais à coté de ça, le roux ne savait pas qu'à bord de ce navire se trouvait son pire cauchemar. Et qu'une fois à Londres, la fatalité lui tomberait dessus.

¤

Il n'aurait su exprimer sa joie de retrouver Mayfair, sa chambre, les couleurs de leur hôtel, les pavés de Londres, le ciel gris. Toutes ces choses qu'il avait espérer revoir vite. Le tenancier lui avait envoyé une lettre dans laquelle il n'en attendait pas moins de son danseur vedette, d'avoir de nouvelles idées. Delilah avait vraiment hâte de reprendre ses activités au cabaret. Mais il déchanta assez rapidement quand il apprit que compte tenu de la situation et de ses parents restés en Inde, la demoiselle Somerwell allait loger à Mayfair pendant un temps incertain.

Il essaya réellement de faire un effort, d'être poli et respectueux avec elle, mais quelque chose clochait. En plus de s'approprier Léandre dès qu'il mettait un pied chez eux, elle le surveillait tout le temps. S'il partait dans le centre-ville, l'heure à laquelle il se levait, ce qu'il mangeait, à qui il écrivait... il avait la désagréable impression d'être épié quoiqu'il arrive. Il devait même faire preuve d'une attention remarquable pour aller à la rencontre de Léandre en pleine nuit. Il était même certain qu'elle écoutait leurs conversations. Il en avait bien parlé au propriétaire des lieux, mais celui-ci prétendait qu'elle était une jeune femme polie et respectueuse de l'étiquette, que jamais elle n'oserait faire des telles choses. Même s'il avait avoué que plusieurs fois, elle avait demandé les raisons de la présence de Delilah avec Léandre et que la réponse d'être la pupille du Lord ne suffisait visiblement pas à la jeune femme.

Et puis un soir, le roux revenait du cabaret où il avait passé la soirée à discuter avec le tenancier pour lui expliquer ses nouvelles idées, pour voir quelle loge il pourrait prendre, pour voir s'il avait besoin de matériel. Il lui avait aussi raconté l'Inde, lui avait offert une bouteille d'alcool qu'il avait déniché là-bas, distribué des souvenirs coquets aux danseuses... Bref, il avait passé une soirée agréable et habillée. Il avait eu envie de parler à Léandre à propos de ses futurs numéros, maintenant que l'Ombre ne frappait plus, il ne serait plus obligé de venir le chercher et il voulait aussi son avis concernant ses idées de costume à réaliser. C'était donc un jeune homme assez enthousiaste qui entra dans le bureau de son amant sans frapper. Et quelle ne fut pas sa surprise de découvrir la demoiselle Somerwell en train de fouiller les tiroirs, les papiers qui trainaient là. Elle sursauta et le rouge lui monta aux joues, prise sur le fait.

« Que faites-vous là? Où est Léandre? »

Elle reprit une certaine contenance, réajusta sa robe de chambre et eut un sourire pernicieux. Et Delilah eut le sentiment très fort qu'un tel sourire sur le visage d'une femme réputée pour sa pudibonderie naïve, ça n'avait rien de bon.

« Notre cher ami est à Buckingham, avec cette maladie qui traîne à Londres, la reine avait des recommandations à faire à ses ministres. Et je crois aussi qu'ils devaient parler de notre mariage. »

Elle avait toujours l'art et la manière de rappeler au jeune homme qu'elle allait épouser son « cousin ». A chaque conversation, on pouvait entendre « mon futur mari », « monsieur mon futur époux », « pour notre mariage », « après notre mariage » … c'en était ridicule à pleurer.

« Ça ne répond pas à la question de que faites-vous là? »
« Je pourrais vous la retourner. »
« Je ne suis pas celui qu'on surprend en train de fouiller le bureau d'un ministre... »
« Et je ne suis pas celle qui s'est faite acheter. »

Delilah se sentit perdre toute contenance brusquement. Comme si ses entrailles se répandaient sur le sol, qu'il se mettait à fondre. Il resta interdit un moment et accompagnant son sourire machiavélique, la jeune femme attrapa une feuille gardée sur le coté et la soulevant, la secoua doucement pour le narguer. Oooh le roux connaissait bien ce morceau de papier. Il pouvait même dire qu'il était normalement placé dans un secrétaire de cuir noir estampillé aux armoiries de Léandre et rangé méticuleusement. Elle avait du sacrément fouiller le bureau pour trouver ça.

« Alors comme ça Delilah, vous n'êtes pas réellement le cousin de Lord Desreal... que penserait la reine si elle apprenait ça? »

Le roux ne répondit pas, mais il savait pertinemment que la reine avait appuyé son insertion dans la noblesse et qu'elle savait parfaitement qui il était et ce qu'il avait été. Cependant, le contrat ne faisait pas mention des pratiques déviantes auxquelles Léandre et lui s'adonnaient ou même de ce que Delilah avait fait avant ça. Juste son prix d'achat, la condition de retour, la dot reçue par Llewella et leurs trois signatures ainsi que la date et le lieu.

« Je me demande même comment réagirait l'entourage de Léandre si l'on apprenait que son cousin n'est qu'un vulgaire petit danseur ramassé dans un cabaret de Paris et qu'en plus il danse toujours dans les quartiers malfamés de Londres. »
« Ce n'est pas dans vos intérêts de salir la réputation de votre futur époux. »
« Mais c'est dans mes intérêts de ne plus voir de personne d'aussi basse réputation salir mon époux. »

Delilah soupira. Cette fille était désespérément idiote.

« Je veux Léandre pour moi seule, alors je vous ferais chanter s'il le faut mais je veux vous voir disparaître. Je ne sais pas pourquoi il a fait ça, mais il me le dira soyez en sur. Je vous détruirais mon cher Delilah. »

Son expression avait changé. Et le roux avait haussé les épaules. C'est à ce moment-là que Léandre entra à son tour, retirant sa veste et ne s'attendant certainement pas à ce que son bureau soit le théâtre de divers chantages. Il lança un regard interrogateur à Delilah, qu'il devina comme un « que fait-elle ici? » puis son attention se porta sur Camille et sur ce qu'elle tenait du bout des doigts. Et le roux vit son propriétaire pâlir à vue d'oeil, alors que lui-même baissait le regard vers le plancher. Il intima l'ordre à Camille de sortir sur le champ. Et il ferma la porte à clé derrière elle. Puis il attrapa Delilah par le bras pour l'emmener dans une antichambre, là où il serait certain qu'on ne les épierait pas. Un silence s'installa.

« Je t'avais dit qu'elle jouait un rôle. »
« Écoute, on peut faire des erreurs et elle est aussi bonne comédienne que toi dans ce cas. »
« Elle est amourachée comme tu le souhaitais, elle juste moins idiote qu'on pourrait le croire... »
« Qu'a-t-elle dit? »
« Qu'elle te voulait pour elle seule, qu'elle me détruirait, qu'elle n'hésiterait pas à rendre la chose publique. »

Il entendit Léandre jurer dans ses dents. Mais il resta silencieux, respectueux de la situation.

« C'est un peu ma faute non? Si je n'avais pas été là, tu n'aurais pas ce genre de problème. »
« Delilah, on ne va pas revenir sur le passé et de toute façon, les suppositions n'aideront en rien. Je vais devoir lui parler et... »
« Elle n'est au courant que pour mon usurpation d'identité et le cabaret, rien de plus. »
« C'est déjà beaucoup trop. Je vais demander à la reine de l'héberger un temps et... »
« Et ça ne la mettrait que plus en colère et donc plus à même de rendre la chose publique. Léandre, réfléchis, tu ne peux pas faire ça, même pour moi. Et essayons au moins de voir un point positif: elle ne sait pas pour nous deux. »
« C'est sur. »

Le silence revint. Delilah se sentait un peu désemparé d'assister à une telle remise en question pour son amant. Il avait l'air brusquement fragile et inaccessible.

« Peut-être que ça serait à moi de partir? Nous pourrons continuer à nous voir quoiqu'il arrive et... »
« C'est hors de question, tu restes ici. Et je te rappelle que tu n'as nulle part où aller et tu ne logeras pas au cabaret. »
« Peut-être que le Vicomte... »

Léandre lui jeta un regard noir et le roux ne finit pas sa phrase.

« Non. Tu restes ici. Mais tu n'iras plus au cabaret. Si tu te comportes entièrement comme un noble, elle n'aura aucune preuve de ce qu'elle avance et je ferais disparaître ce contrat. As-tu réellement besoin de ce contrat pour rester avec moi? »

Delilah resta interdit. Sans cabaret, qu'allait-il faire? Où danserait-il? Quelle raison aurait-il de vivre? C'était l'enfer qui se dessinait devant lui.

« Je pense que non, je peux m'en tenir à nos règles tacites. Mais pour le cabaret... »
« Ma réputation, elle peut se refaire, je suis proche de la reine, j'ai un poste haut placé. Toi, tu n'as aucun titre de noblesse, tu n'apparais que dans mon ombre et sous ma tutelle. Ne penses-tu pas que je ne suis pas la personne la plus en danger ici? »

Delilah devait avouer que le bougre avait profondément raison.

« Soit, plus de cabaret pour Lovely Candy. Mais accorde au moins à ce pseudonyme un dernier numéro, une sorte de numéro d'adieux. »
« Tu sauras être discret? »
« La dernière fois que j'ai brutalement disparu de la scène, ça a fait la une des journaux... Et pour Camille ? »
« Je lui en parlerais. »

Cette nuit-là, leurs étreintes avaient un triste goût d'adieux, de souvenirs qu'il faudrait laisser pour ne pas s'oublier. Le roux serra longtemps l'homme contre lui, espérant que quand il se réveillerait, tout cela aurait disparu, qu'il aurait juste imaginer cette fatalité. Que tout irait à nouveau bien.

Et effectivement, Léandre lui parla. Son silence contre leur mariage avancé au mois prochain. Léandre parla aussi à la reine (qui fut attristée de ne plus savoir sa petite pupille offrant son art à la veuve, l'orphelin et l'alcoolique) et au tenancier du cabaret. La date du numéro finale fut donc conclue. Le mois prochain.

Mois qui arriva trop vite. Delilah ne s'était pas du tout intéressé aux préparatifs, aux couleurs souhaitées, aux plats, au lieu de la réception, l'église choisi. Il avait expliqué à Léandre sa position. Non, il ne serait pas présent. Il n'avait rien à faire dans une église, il n'avait rien à faire au mariage de l'homme qui l'avait acheté. Tout comme il ne pouvait rien dire à cela pour se sauver lui-même de ce piège. Il n'était qu'un jeune homme sans noblesse, pompant l'argent d'un noble en mal de compagnie. Il était un pêcheur sur les chemins de l'homosexualité, si cela s'apprenait, il pourrait être emprisonné. Il n'était rien d'autre qu'une personne ayant vendu son corps pour vivre, rien d'autre qu'une espèce d'artiste se noyant dans le stupre et l'alcool. Il n'avait pas sa place dans un tableau fait de soie, de pierreries et de sang bleu. Il pensait avec mélancolie que l'herbe lui semblait plus verte avant, que la lumière n'était plus aussi forte, que les goûts étaient plus tendres. Avant. Il savait pertinemment que tout allait changer maintenant. Et c'est pour ça qu'il avait pris une décision importante, réfléchie. Son numéro final se déroulant le même jour, surement pendant que le Lord déflorerait l'épouse modèle, Delilah n'était pas présent à Mayfair. Emily se trouvait seule dans une chambre vide de tout, faisant disparaître les dernières traces d'un éventuel habitant. Et comme promis, le roux ne se montra pas pendant la cérémonie. Il s'était juste rendu à l'église, arrêté devant la porte et en fermant les yeux, il avait écouté Léandre dire oui, comme il ne le lui dirait jamais.

Ce soir, le cabaret était plein à craquer. On avait annoncé la nouvelle par des affiches, des articles dans les journaux, ses détracteurs étaient là, ses admirateurs aussi. Lovely Candy quittait la scène. Le cabaret semblait presque prêt à imploser avec tant de monde à l'intérieur. En même temps, le tenancier n'y était pas allé de main morte en terme de propagation de rumeurs et autre. Parait-il qu'il ne porterait pas de masque, parait-il que ce n'était pas vrai, parait-il qu'il serait entièrement nu, parait-il qu'il dirait son vrai nom... et autres suppositions les plus folles. Même s'il n'en était rien. Delilah avait décidé de revenir à ses premières amoures. Dans sa loge attendait le costume qu'il avait dessiné pour l'occasion. Pas d'absinthe, pas d'opium... il devait être totalement présent pour ce grand soir. On ne dit pas adieu tous les jours. Il n'y avait pas d'autres numéros de prévu ce soir, aussi de sa loge, le français sentait la tension monter. Le tenancier passa la tête dans l'entrebâillement de la porte et lui annonça une visite spéciale. Tiens donc, il n'attendait personne … quelle ne fut pas sa surprise de voir son ancienne tutrice, élégamment vêtue passer la porte. Il n'avait jamais pensé qu'il serait possible de la revoir un jour. Elle le félicita pour son parcours, lui demanda pourquoi il arrêtait... Ils discutèrent un instant et Llewella décida de l'aider à se préparer. Elle lui parla aussi de l'attente insoutenable dans la salle, de la touffeur. Il enfila alors un simple bloomer de coton blanc, un col fermé d'où tombait un voile aérien légèrement argenté. Llewella poudra son corps, le maquilla à peine, releva ses lourdes boucles en une coiffure simple et Delilah noua un simple morceau de tulle blanche sur ses yeux en terme de masque. Il n'en fallait pas plus pour ce soir.

Il était derrière le rideau, étrangement calme. Llewella était sur scène et présenta le pianiste présent pour l'occasion. Puis introduisit la soprano qui avait accepté avec diligence la demande de Delilah. Et enfin, il passa le rideau. Un silence de mort venait de tomber sur la salle effectivement prête à craquer. Il fit signe aux deux musiciens et la complainte commença. Delilah avait choisi avec l'aide de la chanteuse un morceau d'une très forte symbolique biblique sur le tentateur, le juste, la souffrance ( morceau utilisé: Lilium). Et le roux avait décidé de revenir à ses premiers pas de danse, le classique aérien. Il ne se déshabilla pas, il offrit son corps aux yeux du monde, suivant la virtuosité de la voix céleste qui emplissait le cabaret, magnifiant la musique par son corps délié et fin, gracieux et majestueux dans sa douleur. Il dansait pour clamer son amour à un monde à qui il tournait le dos. Et si l'on était un spectateur averti, on aurait pu voir sous les projectures, une unique larme qui glissait sur le visage masqué. Puis la voix se tut, le piano résonna un instant dans le silence et son corps cessa tout mouvement. Une salve d'applaudissements retentit si fort que Delilah se sentit reculer. Dans le public, il vit Llewella avec un sourire éclatant, la main sur le coeur. Et dans le fond, non loin de la porte, il vit une chevelure blonde qu'il connaissait plus que bien. Il revint à la réalité quand la chanteuse le prit par la main pour saluer. Une fois, deux fois. Puis il disparut de scène pour courir dans sa loge. Et il ne s'était pas trompé. Léandre était là, qui l'attendait. Avant même qu'il ait pu dire quoique ce soit, le blond l'embrassa doucement avant de le féliciter dans un murmure. Puis il le tint longtemps contre lui, glissant les mains dans ses longues boucles carmines.

« Ta chambre est vide. C'est donc vrai ce que m'a dit Emily. »
« Décidément, elle ne sait pas garder sa langue me concernant. »
« Mais... et moi? »

Delilah se détacha de l'étreinte et s'assit à la coiffeuse, attrapant un programme et un stylo à mine. Il écrivit une adresse. Et tendit le papier à Léandre avec un sourire.

« Notre contrat tient toujours, je pense qu'au fond de moi, je t'aime un peu plus que ce que la norme voudrait. Tu pourras venir là-bas comme un invité de marque, tu y auras une chambre si tu le désires. Mais au moins, nous serons dans la légalité. »
« Une maison close? Ne me dis pas que... »
« Léandre, je n'ai pas d'autres solutions, c'est le tenancier qui m'a donné cette adresse. Aussi, je vais réfléchir à un nouveau pseudonyme, un nouveau style... n'ayant de reconnaissable avec Lovely Candy que son corps. »
« Et que devient mon cousin? »
« Il est rentré en France, chez ses parents... pour se marier peut-être? Ça sera notre fléau et ça nous rassemblera. »
« Soit. »
« Tu as quitté ton propre mariage? J'ai du mal à y croire. »
« Camille est trop occupée à recevoir des compliments sur sa robe pour s'en apercevoir. J'ai constaté que je n'étais pas le seul des convives à être là... Et puis, je ne pouvais pas rater ça. »

Leur conversation se termina sur un baiser et Léandre disparut dans la salle du cabaret, laissant Delilah à son public et aux divers cadeaux qu'on lui faisait. Oui, au moins maintenant, on ne pourra plus lui reprocher d'entacher une quelconque réputation et il s'évitait beaucoup d'ennuis. Et il était certain que vivre dans une maison close appropriée à la pieuse noblesse londonienne ne serait pas un mal, ni pour lui, ni pour Léandre, ni pour les autres. Tout comme, par ces temps de maladie infectieuse, il commençait à nourrir des envies de vengeance, de meurtre. Camille Somerwell allait payer.

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